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Blog où je vous donne mon avis sur des films, des séries, des livres et des jeux vidéo. N'hésitez pas à réagir et à partager votre opinion dans le respect de tous bien sûr.

Passengers de Morten Tyldum : Un scénario à la dérive !

Alors que 5000 passagers endormis pour longtemps voyagent dans l’espace vers une nouvelle planète, deux d’entre eux sont accidentellement tirés de leur sommeil artificiel 90 ans trop tôt. Jim et Aurora doivent désormais accepter l’idée de passer le reste de leur existence à bord du vaisseau spatial. Alors qu’ils éprouvent peu à peu une indéniable attirance, ils découvrent que le vaisseau court un grave danger. La vie des milliers de passagers endormis est entre leurs mains…

Affiche de Passengers !

Affiche de Passengers !

Le plus compliqué dans l'écriture d'un récit, en-dehors des dialogues, c'est d'assurer la cohérence de l'histoire à tout moment. Grosso modo cela revient à prendre du recul sur ce qu'on écrit et de se questionner sur la manière dont les éléments perturbateurs peuvent être déjoués de manière logique par les personnages. Alors bien évidemment que tous les films ont des petits éléments qui pourraient être résolus autrement et plus facilement, mais tant que cela est mineur le spectateur peut déclencher ce qu'on appelle la suspension d'incrédulité. Ce phénomène c'est par exemple accepter que des personnages tombent amoureux en une heure trente ou deux heures, ce qui prend bien plus de temps dans la vraie vie. 
Bref, tout cela pour dire que la cohérence d'un scénario c'est important et que si le spectateur commence à se poser des questions ou à remettre en question cet aspect alors c'est que quelque chose cloche. Ce qui est tout à fait le cas pour Passengers.
En effet le film aurait pu se terminer en dix minutes s'il avait été bien écrit. L'un des deux personnages principaux, Jim, est réveillé en premier à cause d'un dysfonctionnement de son module d'hibernation et se retrouve seul sur le vaisseau. On découvre alors, dans ces premières minutes, que la compagnie qui organise le voyage a prévu des pièces de rechange pour absolument tout le vaisseau, sauf les modules. Pourquoi les modules n'ont pas de pièces de rechange ? Oh c'est tout simple, la compagnie a déclaré qu'ils étaient infaillibles et que donc il n'était pas nécessaire d'avoir de pièces de rechange. Sérieusement ? Depuis quand une compagnie croit elle-même son discours commercial ? D'autant plus qu'un autre personnage dira un peu plus tard dans le film que la cause de la panne du module de Jim n'a rien d'exceptionnel, et donc était prévisible. Alors encore une fois pourquoi il n'y a pas de pièce de rechange si ce genre de panne peut arriver ? 

Le scénario de Passengers est bourré de ce genre d'incohérences qui ne sont présentes seulement parce que cela arrange le scénario. Malheureusement, elles sont toutes assez visibles. Sans en faire la liste complète, on peut citer en exemple le fait que Jim et Aurora ne remarquent jamais les dysfonctionnements des intelligences virtuelles ou des programmes qui permettent de garder le vaisseau en état de fonctionnement. Dans les moments où ils y font allusions c'est limite s'ils ne se contentent pas de hausser les épaules en se disant que ce n'est rien. Tout cela pour qu'ils paraissent surpris que le vaisseau est en train de partir en sucette dans la dernière partie du film. Sérieusement on ne s'en serait pas douté au vu des nombreux bugs qui nous sont montrés tout au long du film. 
Est-ce que je dois réellement parler de la résolution du problème ? Dire à quel point ce n'est pas crédible une seule minute ? Déjà que Jim c'est le super mécano de l'espace capable de réparer toutes les pièces du vaisseau. Le personnage est un génie incompris, je ne vois pas d'autres explications. Mais alors ce qu'il réalise à la fin pour résoudre le problème, c'est juste non. Je ne peux pas décemment accepter cela. Encore une fois le film pousse bien trop loin la suspension d'incrédulité et cela ne fonctionne pas du tout. 

Autre exemple où la suspension d'incrédulité ne fonctionne pas. Promis après j'arrête. C'est quand Jim tombe devant le module d'Aurora qui est encore endormie. Il y a dans le vaisseau 4999 modules dont 50% (à peu près) qui sont des hommes, et parmi tous les modules qui comportent une femme il tombe devant celui d'une femme intelligente, marrante, pleine de vie et jolie. C'est beaucoup trop gros pour qu'on y croit une seule seconde surtout qu'il y avait une manière plus intelligente de faire la rencontre. Il suffisait de le montrer, durant l'année où il est seul, chaque jour regarder un module différent et le profil de son occupant. Il aurait ainsi observé plus de 360 vies différentes et qu'il tombe un moment sur Aurora paraissait déjà plus crédible. 
Mis bout à bout tous ces petits éléments sont très néfastes au plaisir du spectateur et le sort complètement du film. 

Malgré tout le film a de bonnes idées notamment autour de l'isolement de Jim, puis un peu plus tard d'Aurora. Malheureusement, ces passages sont largement survolés et le développement psychologique des personnages est presque inexistant. Alors que le film aurait pu livrer un Robinson Crusoé spatial, on se retrouve face à une histoire d'amour vide et inintéressante au possible. Pourtant il y avait des clins d'oeils sympa qui m'ont fait espérer au début, notamment le bar avec l'androïde barman qui rappelle très fortement celui de Shining. Du coup je m'attendais à plus de développement autour de la folie, pour au final pas grand chose. 
La dernière scène du film est assez symptomatique du problème de Passengers. Une bonne idée qui ne va pas jusqu'au bout. 

Au final, les minutes passent, mais rien ne plonge réellement le spectateur dans le récit. 

Bande-annonce de Passengers !

Pour ce qui est des acteurs principaux, Jennifer Lawrence (Aurora) et Chris Pratt (Jim) font le boulot, mais rien de transcendant. En même temps quand le rôle est inintéressant, comme dit un peu plus haut, difficile de donner une prestation de haute volée. Au moins, ils jouent sérieusement et au moins cet aspect ne sort pas le spectateur du film. Au final celui qui se distingue le plus dans le film est Michael Sheen (Underworld, Tron : L'Héritage) qui incarne Arthur le robot barman qui est vraiment très bon dans son rôle. Et puis il y a Laurence Fishburne (Hannibal, Matrix) qui passe faire coucou à un moment. En plus c'est vraiment ça il vient pour dire bonjour et donner le moyen de faire avancer le scénario aux deux personnages puis il disparaît aussi vite. Donc bon difficile de juger réellement sa performance. 

En terme de réalisation, on retrouve quand même de bonnes idées au niveau du design à l'intérieur du vaisseau. On prend plaisir à découvrir les différentes salles, même si j'aurais aimé en voir un peu plus.
Il y a quelques bonnes scènes notamment les passages en apesanteur et en particulier celle de la piscine. La scène est belle, cela est indéniable, par contre elle n'apporte pas grand chose au récit. Cela aurait été bien de mélanger esthétique et narration sur ce genre de scène. 
Enfin musicalement, il n'y a pas de véritable thème qui ressort et qui marque le film de son empreinte. 

Une scène très esthétique !

Une scène très esthétique !

En conclusion, Passengers sur le papier aurait pu être intéressant et proposer un Robinson Crusoé spatial prenant et abordant le thème de la solitude et de la folie. Malheureusement le film se perd dans une histoire d'amour banale, vide et inintéressante. Le film souffre en plus d'énormément d'incohérences qui empêchent le spectateur d'être totalement immergé dans son propos. Des erreurs stupides qui auraient été facilement évitables avec un peu plus de recul sur le scénario. Le film tel qu'il est peut se finir en dix minutes chrono si le scénario était bien écrit. Passengers est un bon gros gâchis.

Ma note : Mauvais !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux 

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