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Blog où je vous donne mon avis sur des films, des séries, des livres et des jeux vidéo. N'hésitez pas à réagir et à partager votre opinion dans le respect de tous bien sûr.

Cari Mora de Thomas Harris : Déception sur tous les points !

Des lingots d'or sommeillent depuis des années sous l'ancienne villa de Pablo Escobar à Miami Beach. Gangs et malfrats se battent pour mettre la main dessus.
Aujourd'hui, c'est au tour du maléfique Hans-Peter Schneider de tenter sa chance. Mais c'était sans prévoir la présence de la sublime Cari Mora, qui veille sur les lieux. En matière de violence et d'armes à feu, personne n'a rien à lui apprendre.
Entre désirs et instinct de survie, avidité et obsessions macabres, le mal se faufile à chaque page. Aucun auteur de ces dernières décennier n'aura autant exploré les démons (si on oublie Stephen King, Maxime Chattam et bien d'autres). Thomas Harris, au talent terrifiant, revient ici avec un sixième roman événement.

On peut au moins se consoler avec la couverture qui pour le coup est très jolie !

On peut au moins se consoler avec la couverture qui pour le coup est très jolie !

Dire que je suis un fan de la saga littéraire de Thomas Harris tournant autour du personnage d'Hannibal Lecter est ce qu'on appelle un euphémisme. J'ai dévoré ces livres et encore aujourd'hui ils restent des références et des modèles pour moi. Thomas Harris n'est pas un auteur prolifique, son dernier roman datant de 2006, et de manière générale 5 à 10 ans séparent chacune de ses œuvres. Autant dire que j'étais fébrile en débutant Cari Mora, surtout que Thomas Harris allait proposer des nouveaux personnages, de nouvelles thématiques et ambiances. Je n'étais pas submergé par des attentes précises, mais seulement par l'espoir d'être plongé dans une nouvelle histoire passionnante. Autant dire que j'étais un terreau très favorable à cultiver. Au bout des trois petites heures de lecture que demande l'ouvrage - s'il fait 300 pages en édition broché, les caractères sont extrêmement grand en réalité comme pour cacher le manque de contenu de l'histoire - la déception a été totale. A vrai dire, je ne sais même pas comment attaquer cette critique tellement il y a d'éléments bancals dans ce livre. 

En terme de scénario, c'est vraiment pas intéressant. Toute l'histoire autour des lingots sous la villa est d'un plat et d'un banal assez extraordinaire. Il n'y a jamais vraiment de moment où l'histoire s'envole ou même surprend le lecteur. Schématiquement, c'est une ligne droite avec quelques péripéties par-ci-, par-là, mais qui ne semblent jamais faire peser une réelle menace sur les protagonistes. De ce fait, toute notion de suspens est totalement absente.
A un moment, un flic apparaît dans l'histoire, on le suit dans quelques chapitres, mais en réalité il ne fait rien et n'influe pas sur le scénario. En fait, il apparaît à peu près au milieu du livre, on apprend certaines choses sur sa femme et son passé qui ont l'air de se raccrocher au reste de l'histoire. Là on se dit, ça y est le récit s'emballe avec l'arrivée d'un troisième camp et peut-être une nouvelle perspective sur les protagonistes, mais non il disparaît jusqu'à la fin du récit où il réapparaît globalement pour dire : "Coucou ! J'ai eu l'info que je voulais. Bonne journée !". La question que j'ai envie de poser à Thomas Harris c'est : A quoi il sert ce personnage ? Cela donne tellement une impression de remplissage pour remplir un cahier des charges de chapitres ou de pages que c'est énervant. Déjà que le récit est mou et pas palpitant, alors si on le coupe avec des chapitres inutiles, ça devient une horreur en terme de narration. 
D'autant que les deux vrais éléments intéressants du livre, en terme de scénario, sont tous les deux expédiés à une vitesse hallucinante. Que cela soit le passé de Cari Mora et de comprendre pourquoi le personnage est aussi craquée en termes de compétences ou bien tout ce qui tourne autour du "business" et du plaisir du personnage de Hans-Peter Schneider (très cliché d'utiliser un allemand, mais bon passons). Pour ce dernier, c'est évoqué à plusieurs reprises et on a droit à une scène autour de sa thématique, mais c'est tout. C'est là qu'on attend de l'approfondissement de psychologie, de noirceur humaine, même du glauque au vu de la thématique et on a rien du tout. C'est évoqué à chaque fois en coup de vent : sans réflexion, sans incidence, sans rien. 

Bref, il s'est planté sur le scénario, mais cela reste un ouvrage de Thomas Harris donc on peut avoir l'espoir que les psychologies seront intéressantes. Après tout c'est l'auteur qui a créé l'un des personnages littéraires les plus fascinants en la personne d'Hannibal Lecter et qui a réussi à faire naître une dualité des esprits transcendantes dans la relation entre Hannibal et Clarice. Il peut pas s'être loupé là-dessus ? Si ?!
Malheureusement, et ça me fait mal de le dire, mais oui il s'est foiré totalement sur cet aspect aussi. Globalement, il n'y a pas d'émotions dans le récit. En fait, chaque paragraphe est une succession de descriptions d'événements et d'actions, mais sans émotionnel. A un moment de ma lecture, je me suis même demandé si je n'avais pas acheté la version brouillon du livre. Est-ce que ça existe des alpha ou des bêta de livre, comme dans le milieu du jeux vidéos ? Parce que là, il y a tellement pas de développement émotionnel ou psychologique des personnages que c'est dérangeant et ça met mal à l'aise parce que vous avez l'impression de lire l'histoire de robots. C'est pas cela qu'on veut et c'est pas cela le propos du livre non plus. 
Alors si, il y a une émotion qui traverse tout le livre en réalité, mais j'essaye de l'oublier parce que c'est très dérangeant et même problématique. Relisez le synopsis, qui est celui sur la quatrième de couverture, et voyez quel est le premier mot qui caractérise le personnage de Cari Mora. "Sublime" c'est bien cela. Alors derrière on parle de violence et d'armes à feu, mais l'ordre a de l'importance dans l'image qu'on crée de son personnage. Je précise d'abord que j'ai aucun soucis sur les héroïnes à la fois belle et badass. Je trouve que c'est un modèle de personnage féminin pas mal du tout quand c'est bien fait. Sauf que dans Cari Mora tout personnage masculin qui aperçoit celui de Cari Mora a envie de se la faire. Et au risque d'être vulgaire, mais j'ai pas d'autre moyen de le dire autrement, tout personnage masculin qui l'aperçoit est limite en train de bander et nous décrit presque leur érection physique et mentale. Par contre, pour faire des remarques sur ses aptitudes guerrières, il n'y a plus personne. C'est dingue de se dire que la personne qui a écrit le personnage de Clarice, montrant une jeune femme se faisant une place dans le milieu misogyne du FBI malgré les moqueries et le harcèlement sexuel, puisse verser dans une écriture que je ne peux que qualifier de sexiste. Peut-être est-ce moi qui exagère de par mes convictions personnelles, mais je mets au défi n'importe qui de ne pas être titillé par le traitement du personnage de Cari Mora.

Thomas Harris !

Thomas Harris !

En conclusion, Cari Mora donne l'impression d'être une ébauche d'un roman plus qu'un projet complètement abouti. Entre le scénario plat et mou, des personnages inutiles, l'absence d'émotionnel tout au long du récit, une psychologie perdue dans les nuages et un traitement de son personnage féminin plus que douteux, ce nouveau livre de Thomas Harris est une déception cruelle et douloureuse.

Ma note : Honteux !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux

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