L'Assassin Royal Tome 11 à 13 de Robin Hobb : Une histoire se termine !

Ces trois tomes sont issus d'un seul tome en version originale, intitulé Fool's Fate.

Tome 11 : Le Dragon des glaces
Pour épouser Elliania des îles d'Outre-mer, le prince Devoir doit lui rapporter la tête du dragon Glasfeu, prisonnier de la glace sur l'île d'Aslevjal. Mais à peine le campement installé, des événements inquiétants mettent en péril l'expédition. Fidèle parmi les fidèles, Fitz Chevalerie fait partie du voyage. Son dernier, car il est écrit que si Fitz entreprenait ce voyage ... il mourrait.

Tome 12 : L'Homme noir
Après plusieurs semaines de navigation, Devoir et les siens accostent enfin sur l'île d'Asleval. C'est au cœur de cet enfer de glace que le prince doit honorer sa promesse : ramener la tête du dragon Glasfeu. Mais entre les conditions climatiques hostiles, l'animosité d'une partie des Dutriens qui les accompagnent et la mauvaise humeur de Lourd dont les attaques d'Art incontrôlées gagnent sans cesse en puissance, l'expédition piétine. Pire, l'Homme noir, gardien légendaire de Glasfeu, a refusé les offrandes qui lui étaient destinées. Heureusement, FitzChevalerie est là, armé de sa ruse et de son habileté proverbiale. Et si c'était la pire erreur qu'il ait jamais commise ?

Tome 13 : Adieux et retrouvailles
Depuis le départ du prince Devoir et la Narcheska Elliana désormais libres de se marier, FitzChevalerie demeure seul sur l'île d'Aslevjal. S'il a fini par se résoudre à la mort du Fou, il n'entend pas laisser pour autant la dépouille de son ami ensevelie sous les décombres du château de glace. Il se lance alors dans l'exploration désespérée des ruines souillées à tout jamais par les maléfices de la Femme Pâle. Son périple le mènera bien plus loin qu'il n'aurait pu l'imaginer : des contrées de la mort aux rivages secrets de l'Art, Fitz trouvera peut-être les réponses à toutes ses questions ... ou des raisons de croire qu'il se trompe depuis le début.

Trois couvertures très intéressantes dans des styles et des ambiances différentes !

Ce troisième acte - dernier de ce deuxième cycle - atteint son objectif de conclure avec brio ce nouveau chapitre de la vie de Fitz. Cependant, il ne le fait pas en restant sur ses bases bien établies et en faisant jouer la nostalgie, non ces trois ouvrages nous entraînent dans de la nouveauté puisqu'on y découvre les îles des Pirates Rouges. Surtout le point d'orgue de cette découverte, c'est la description d'une nouvelle société, en l’occurrence un système se rapprochant assez d'une matriarchie, mais aussi les conséquences de la guerre du premier cycle et du passage des Anciens sur ce "pays" ou plutôt devrais-je dire ces clans. Robin Hobb livre une jolie prestation d'écriture et de construction narrative pour renverser l'image qui vient directement au lecteur qui a vécu le premier cycle de l'Assassin Royal quand il entend parler de cette partie du monde. Finalement, ceux qui étaient des antagonistes étaient eux aussi victimes d'un complot. Cela ne paraît jamais forcé dans la présentation que Robin Hobb fait de ce monde clanique, mais surtout jamais réellement au premier plan. La structure narrative et descriptive se concentre principalement sur le parcours de Devoir et son épreuve, surveillé par Fitz (le récit étant toujours raconté à la première personne), mais au détour d'une phrase, d'une description, l'autrice arrive à incorporer cette nuance bien venue.

Pour ce qui concerne le récit en lui-même, on est dans un schéma classique d'un parcours initiatique, c'est même un double parcours qui nous est proposé, celui de Devoir et de Fitz. Si celui de Devoir est clairement défini et compréhensible : prouver sa valeur, son courage, sa grandeur, épouser la Narcheska et devenir un bon prince, celui de Fitz est plus complexe et plus profond. Sans bien sûr dénigrer celui de Devoir qui est bien mené et bien écrit, mais beaucoup plus classique. Celui de Fitz parachève une grande épopée de plusieurs dizaines d'années, de souffrances et de doutes pour le personnage. Comme je le disais dans ma critique des précédents tomes, l'un des grands thèmes de ce cycle est le fait de trouver sa place parmi ou hors d'une communauté. C'est cela que Fitz va découvrir : est-il un Loinvoyant ? Est-il un maître de l'Art ? Est-il un père ? Est-il le Catalyseur ? Est-il un vifier ? Est-il un ermite ? La réponse sera donnée à la fin de ces trois tomes et son chemin pleinement accompli. 
Afin de mener à bien cette quête, le personnage sera confronté à de nombreuses épreuves et de nombreux rebondissements parcourent les trois tomes en question. Les trois livres constituent un habile mélange entre action et politique. L'écriture de Robin Hobb arrive comme toujours à cristalliser avec brio les intensités dramatiques et émotionnelles de certaines scènes, notamment autour du personnage du Fou. L'émotion est omniprésente et variée : entre larmes, bravoure, épique et grandiose, l'autrice emmène son lecteur dans de grandes montagnes russes. Le voyage est appréciable et apprécié. 

Enfin en ce qui concerne l'aspect conclusif de ces trois volumes, on ne peut que dire que c'est parfaitement maîtrisé. Je reprochais quelque peu aux Aventuriers de la Mer d'avoir une conclusion un poil trop rapide et expéditive sur plusieurs aspects, celle du premier cycle de l'Assassin Royal était plus satisfaisante, même si le côté achèvement de la guerre avec les Pirates étaient un peu trop vite expédié à mon goût. Ici ce deuxième cycle prend vraiment son temps pour conclure son histoire et toutes ses intrigues. Aucune sensation de manque ou de rush de la part de Robin Hobb. Tout élément de narration possède son temps d'achèvement et on ressort de la lecture pleinement satisfait, en paix et en harmonie avec l'univers. L'autrice glisse même une très légère porte ouverte à une suite (chose qu'elle a réalisé un peu plus tard avec un troisième cycle de l'Assassin Royal), mais le fait d'une manière habile. Cela reste un élément très discret et qui n'a aucune importance avec les intrigues en cours, ce qui au final ne frustre pas le lecteur dans une attente fébrile qu'il peut ne jamais voir récompenser. Il y a un mystère, mais s'il n'est jamais résolu ou expliqué, cela ne changera rien au destin de nos personnages aimés, ni même au monde des Six-Duchés.

Robin Hobb a encore une fois donné vie à un formidable cycle pour sa saga de l'Assassin Royal !

En conclusion, Robin Hobb livre avec ce troisième acte une conclusion très satisfaisante à son deuxième cycle de l'Assassin Royal. La quête principale de Devoir et son défi de ramener la tête du dragon noir reste palpitante et intéressante, mais la grande force de ce troisième acte est la parachèvement de la quête d'identité de Fitz. Les épreuves pour atteindre son équilibre et son "moi personnel" sont dures et bouleversantes pour le héros. Le lecteur est emporté par la plume de l'autrice qui sait habilement jouer avec les émotions, les descriptions détaillées et palpables contribuant à tout cela. Une conclusion répondant à toutes les questions et prenant le temps de bien conclure chacune des intrigues. Le deuxième cycle de l'Assassin Royal se termine sur une note parfaite.

Ma note : Excellent !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux