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Blog où je vous donne mon avis sur des films, des séries, des livres et des jeux vidéo. N'hésitez pas à réagir et à partager votre opinion dans le respect de tous bien sûr.

Dossier Stephen King #2 : Salem

Salem de Stephen King : vampirisme et ruralité !

Synopsis : Jerusalem's Lot n'avait rien de remarquable, sinon, sur la colline, la présence de cette grande demeure inhabitée depuis la mort tragique de ses propriétaires, vingt ans auparavant. Et lorsque Ben Mears revient à "Salem", c'est seulement pour retrouver ses souvenirs d'enfance. Mais très vite, il devra se rendre à l'évidence : il s'y passe des choses étranges, sinistres. Un chien est immolé, un enfant disparaît et l'horreur s'infiltre, s'étend, se répand, aussi inéluctable que la nuit qui descend sur Salem.

Date de parution : 1975 (USA) / 1977 (France)
Traducteur : Christiane Thiollier et Joan Bernard
Nombre de pages : 388 (édition Alta)

Pas la plus belle des couvertures, mais pas la plus moche non plus ! Je préfère celle où la maison est omniprésente sur la couverture !

Pas la plus belle des couvertures, mais pas la plus moche non plus ! Je préfère celle où la maison est omniprésente sur la couverture !

Deuxième roman publié par Stephen King et on ne change pas une équipe qui gagne, l'auteur nous livre un récit à la fois versant dans l'horrifique fantastique, mais aussi un regard social intéressant. Si Carrie s'intéressait au harcèlement et à une personne en particulier, Salem lui traite au contraire d'une entité plus grande : la petite ville de campagne ou semi-campagnarde. Une thématique qui se retrouvera assez régulièrement dans les œuvres postérieures de King, beaucoup de ses histoires se déroulent dans des villes de petites ou moyennes ampleurs. Autre thématique récurrente de King qui arrive dans ce roman, celui du personnage écrivain et même de façon plus large les personnages artistes. Avant d'en venir à tout cela, intéressons-nous d'abord à la lecture première du roman : une histoire de vampire aux Etats-Unis. 

Stephen King n'a jamais caché que sa grande inspiration pour Salem était le Dracula de Bram Stoker et l'idée de base qui a mis en marche la grande machine de l'imagination de l'écrivain était le postulat de "Qu'est-ce qui se passerait si Dracula arrive dans une petite ville américaine ?".
Le pari de King est gagnant parce qu'il livre avec Salem une histoire qui n'a pas à rougir face à l'oeuvre fondatrice du mythe populaire du vampire. Il en reprend les codes tant sur sa structure que sur les caractéristiques du vampire, tout le roman transpire un amour sincère pour l'oeuvre de Bram Stoker, tout en y ajoutant sa patte personnel. Marsten House qui surplombe la petite ville de Jerusalem's Lot est l'équivalent du château du comte au-dessus du village de Transylvanie où Harker va arriver et rencontrer le vampire. Les deux habitations provoquent la même crainte et fascination des habitants vivant aux alentours. A plusieurs reprises dans Salem, King glisse une petite phrase pour nous signaler que les personnages se tournent et fixent leur regard, même malgré eux, sur cette maison dominante et visible depuis toute la ville : "Il aurait voulu la regarder - elle était ravissante dans la lumière du couchant - mais ses yeux étaient attirés par Marsten House comme par un aimant" (p. 85).  Une répétition soutenue de ces petites phrases qui tout au long du roman conditionne le lecteur lui-même qui développe ainsi la même fascination que les personnages pour la bâtisse. Le Mal qui suinte et se propage de ces deux habitations se ressemblent et frappent ceux qui les entourent.

La description du vampire dans Salem est ici encore très proche de celle de Stoker : il est laid, se dissimule, orgueilleux, mortel, sans pitié et intelligent. C'est même un des derniers bastions de cette représentation vampirique à cette époque. La grande gloire du vampire horrifique (Dracula, les productions Hammer) dans la culture populaire est passée de mode et une grande mue s'amorce petit à petit pour ce "monstre" qui va s'ouvrir à un nouveau public. Stephen King en a aussi pleinement conscience et rend un joli hommage dans le récit aux productions Hammer et laisse apercevoir son amour pour ces monstres. Ce qui est amusant de constater c'est que les années 1970 sont synonymes de changement pour la figure vampirique et voit naître également un récit dans la pure tradition première. En 1976 va s'ouvrir une nouvelle voie initiée par Anne Rice, celle de l'érotisation et de la beauté du vampire, un imaginaire encore très vivace aujourd'hui (Twilight, Shadowhunters). Dans les années 1970, c'est aussi l'arrivée de ce que j'appelle le vampire cool avec la naissance de Blade notamment chez Marvel et qui lui aussi se perpétue aujourd'hui (Underworld, Dracula Untold). Un universitaire affirmera même en 1995 que le roman de Stephen King est la dernière oeuvre majeure traditionnelle sur cette thématique puisque aucun autre roman n'aura eu en vingt ans la même réception et impact que Salem. C'est un peu oublié le film de Coppola en 1992, Dracula, qui a livré un mix pertinent entre la tradition et les nouvelles tendances de la figure vampirique, mais cela reste tout de même une bonne image de l'impact culturel de Salem sur la thématique du vampire. 

Comme tout bon roman mettant en scène un vampire, le récit va chercher à faire frisonner son lecteur. Salem met en place une horreur froide, presque chirurgical. Il aurait été aisé pour Stephen King de virer dans les descriptions sanguinolentes des meurtres ou des attaques vampiriques, mais c'est tout le contraire. Les différentes transformations sont racontées sous la forme d'une maladie douloureuse et invisible, voire même indifférente. C'est glaçant dans sa manière d'être comme une volonté implacable qui s'empare des personnages et les condamnent, créant un sentiment d'impuissance chez les protagonistes et le lecteur. Tout comme le fait que certains personnages principaux meurent parfois en un claquement de doigt. En un paragraphe, c'en est fini d'eux. Pas d'espoir, pas d'échappatoire possible, c'est une destinée inéluctable qui s'abat sur eux. Tout cela fait que je trouve le parti pris de King intelligent et efficace.
L'horreur se ressent aussi par l'évocation de peur de l'enfance. Ce Mal qui s'échappe de Marsten House est perçue par les personnages et y réagissent comme tout enfant face à un endroit lugubre ou sombre. Qui n'a jamais eu peur d'aller dans une cave mal éclairée de peur qu'un monstre s'y cache ? Quel village ou ville n'a pas sa maison hantée qu'on explore enfant pour s'y faire peur ? Marsten House et la réaction des personnages du roman c'est tout cela à la fois. Ce sentiment de frayeur à la fois imaginaire et concrète qui est retranscrit parfaitement sous la plume de King, dont les mots vont projeter le lecteur dans le souvenir de ses moments personnels et à ressentir de nouveau cette peur de l'enfance.
Cependant, un choix pour le coup peu judicieux diminue un peu le potentiel terrifiant du roman. Ce choix, ce sont les premiers chapitres ouvrant le roman qui se déroulent après l'histoire et qui nous fait connaître ceux qui vont survivre au récit et au carnage. Une technique qui peut avoir ses bons points dans certains récits, mais dans Salem ça ne fonctionne pas parce que du coup certains personnages seront invincibles lors des moments de danger. On aura donc aucune raison de s'inquiéter pour eux et réduit donc considérablement l'impact de certaines scènes. Et finalement, ces quelques chapitres d'ouverture n'apportent pas grand chose au récit, à part pour dire que les survivants sont traumatisés par leur expérience. Un élément assez évident et dont le lecteur peut s'en douter tout seul. 

Salem n'est pas qu'une histoire de vampire, mais aussi le support d'un discours sur la disparition progressive des petites villes rurales américaines. Au delà de l'aspect vampirique de l'antagoniste, on peut y voir une analogie du capitalisme dévorant et décimant les petites villes. En effet, le nouveau propriétaire de Marsten House achète par le biais d'une entourloupe un terrain immobilier, s'y installe et par son influence va briser la petite vie tranquille de la communauté et sa solidarité. Attirant petit à petit chacun des habitants dans un mode de consommation intense et irraisonné, semant par ailleurs la mort des petits commerçants. Poussant  par ailleurs jusqu'au bout leur individualisme. N'est-ce pas durant cette période le schéma typique des grandes surfaces qui s'installent de plus en plus dans les petites villes et les périphéries ? 
Un aspect renforcé par le fait qu'à plusieurs reprises au cours de l'ouvrage Stephen King s'arrête dans son récit pour nous présenter en quelques paragraphes, quelques figures typiques de ce genre de petite ville ainsi que leur quotidien. Qu'ils soient appréciables ou non, on ne peut que saluer la justesse des descriptions, des émotions et des réactions de chacun des personnages, tout en permettant d'apporter encore plus de vie et de tangibilité à Jerusalem's Lot. Ce qui permet à Stephen King d'aborder certaines thématiques bien particulière et un peu en annexe du récit, comme la confrontation générationnelle et l'évolution des moeurs lors des passages de narration entre Susan et sa mère. Lui permettre aussi de parler un peu plus personnellement de lui-même à travers le personnage de Ben qui est un jeune écrivain : de son rythme de travail, de son doute et ses obsessions. De plus, d'un point de vue narratif, cela permet au lecteur de bien prendre conscience de l'ampleur du mal qui se propage et sa vitesse, ainsi que des différentes réactions qui parsèment la ville. 
Tant d'éléments qui donnent au roman une perception sociale au-delà du simple aspect horrifique. 

Cependant, tout n'est pas parfait dans Salem et je me dois tout de même d'évoquer deux points négatifs dans le récit. 
Le premier est que par moment, il y a quelques faiblesses d'écriture, notamment au niveau des dialogues qui semblent parfois assez artificiels. L'exemple le plus marquant que j'ai en tête est la première relation charnelle entre Susan et Ben. Notamment, la scène juste avant où ils se tournent autour qui n'est vraiment pas très crédible et aurait pu clairement être amené de manière plus naturelle afin de les pousser à l'action voulue. Ce n'est jamais rien de très choquant ou perturbant, seulement par-ci, par-là quelques dialogues peu naturels. 
Et en parlant d'élément peu naturel, cela me permet d'enchaîner sur le deuxième point négatif du roman : le personnage de Mark. C'est typiquement le personnage enfant en mode singe savant qu'on peut voir dans certains films. Son discours est beaucoup trop avancé, trop robotique et on a vraiment l'impression que rien de ce qui se passe l'atteint. Il a toujours une solution pour se sortir du pétrin et n'éprouve jamais d'émotions. Du coup, cela est très difficile de s'y attacher pour le lecteur. Clairement, je n'y suis pas arrivé. Cependant, je n'ai pas détesté le personnage, mais c'était souvent assez ennuyant de le suivre et il y avait matière, je pense, de faire quelque chose peut-être de plus viscéral et de fort en insérant un enfant dans ce type d'histoire.
Des éléments négatifs, mais pas très impactant sur le récit et son appréciation. Salem reste un excellent roman, il a juste quelques défauts.

En conclusion, Salem offre un excellent roman de vampire dans la pure lignée du Dracula de Bram Stoker. Le roman est un très bon récit sur la déchéance et la mort de la petite ville rurale de Jerusalem's Lot qui est possible de lire sous deux prismes : le côté fantastique horrifique avec les vampires ou bien une analogie du capitalisme mettant à mort les petites communautés. Que cela soit dans la thématique fantastique ou sociale, l'écriture de Stephen King est encore une fois très juste et fera notamment appel à certaines peurs de l'enfance du lecteur. Quelques petits défauts d'écriture viennent émailler la qualité générale du roman, mais rien de choquant ou de vraiment handicapant. Salem est un excellent roman que je vous conseille. 

Un artwork très classe pour Salem !

Un artwork très classe pour Salem !

Les Vampires de Salem (Salem's Lot) de Tobe Hooper : Adaptation correcte aux nombreux problèmes de rythme !

Synopsis : 
Bienvenue à Salem, si vous croyez que les vampires n'existent plus, vous risquez d'être surpris. De sombres événements réunissent un écrivain fasciné par une étrange bâtisse située au sommet d'une colline, un antiquaire affable entouré d'un bric-à-brac détonnant, et enfin son cadavérique assistant. Pénétrez un univers où les vivants ont beaucoup de mal à le rester et où il est commun de se retrouver pétrifié de peur. 

Date de sortie : 17 et 24 novembre 1979 (USA) / 10 septembre 1980
Durée : 1h47 pour la version cinéma sortie en 1980 en France et en VHS / 3h04 pour la version intégrale sous forme de mini-série diffusée aux USA et sur les nouvelles éditions

Une jaquette de Blu-ray avec un certain cachet pour cette première adaptation de Salem !

Une jaquette de Blu-ray avec un certain cachet pour cette première adaptation de Salem !

Une adaptation de Stephen King par le réalisateur de Massacre à la tronçonneuse, Tobe Hooper, ne peut être qu'une proposition alléchante sur le papier. En premier lieu, le point le plus évident est celui de la maîtrise de l'horreur par le réalisateur. C'est aussi deux œuvres avec quelques points similaires avec en premier lieu le cadre d'une Amérique plus ou moins profonde dominée par un lieu fascinant et horrifique : Marsten House pour Salem et la maison de Leatherface lui-même dans Massacre à la tronçonneuse. Une maison qui a hanté pas mal de cauchemars à l'époque où j'avais vu le film et qui en même temps me fascinait par toute l'horreur qu'elle dissimulait derrière son apparence simpliste et commune. Il y avait une aura qui s'en dégageait dont le relais était pris par Letherface quand l'action se déroulait à l'extérieur de celle-ci. Finalement, le même schéma qu'on retrouve avec Marsten House et le duo Stracker et Barlow. Je pourrais aussi parler de l'aspect désillusionné dans lequel baigne King et Hooper dans leurs œuvres respectives marqués par l'affaire du Watergate, mais le but de ce dossier n'est pas de faire un comparatif des deux œuvres, mais bel et bien de parler des Vampires de Salem ou Salem's Lot en version originale. J'utiliserai le titre original dans le reste de l'avis puisque c'est le titre original du livre. 
Dernière précision, avant de rentrer dans le vif du sujet, à propos de la version visionnée qui est celle Blu-ray et c'est donc de la version intégrale de 3h dont je vais vous parler. 

En ce qui concerne l'aspect adaptation pure, le film offre quelque chose de tout à fait correct. Stephen King lui-même avait déclaré être satisfait du script à sa lecture.
Dans sa généralité, Salem's Lot reprend l'ensemble des points clefs de l'histoire. Avec une durée de 3h, le contraire aurait été étonnant. D'autant plus que le projet à la base était d'en faire un film avec à la réalisation George Romero, mais que les scénaristes n'arrivaient pas à faire tenir le scénario dans un film de deux heures, ce qui l'a amené à devenir une mini-série de deux épisodes aux USA. Clairement, si vous avez lu le livre vous ne serez guère surpris par le scénario qui est très respectueux du matériel de base et les quelques modifications sont faites pour apporter un peu plus de tension. En tout cas c'est l'intention derrière, mais est-ce que cela fonctionne vraiment, j'y reviendrai plus tard. 
Le plus grand nombre de modifications se retrouve au niveau des personnages. Beaucoup d'ajustements sont faits pour en réduire le nombre : certains fusionnent, d'autres sont supprimés ou beaucoup moins importants. Ce qui est compréhensible puisque dans un livre rajouter un personnage ou une vision ne prend qu'un ou deux paragraphes alors que dans une production cinématographique c'est payer un acteur ou une actrice supplémentaire et même parfois rajouter un décor. Tout cela coûte de l'argent et à moins que cela soit nécessaire au récit, un film va avoir tendance à s'en passer. D'autant plus que dans Salem, Stephen King nous fait vivre plusieurs quotidiens d'habitants de Jerusalem's Lot et si tous ces passages en question apportent l'aspect social et métaphorique du livre sur la mort d'une petite ville face au capitalisme, il aurait été bien compliqué de le mettre en image. Aspect qui a totalement disparu du film, mis à part une scène de ménage autour d'un adultère et d'un homme violent. Finalement, vu que c'est assez isolé dans Salem's Lot cela donne même l'impression que toute cette sous-intrigue et petite scénette ne sert pas à grand chose. Si vous n'avez pas lu le livre, vous ne savez pas que cet aspect social existe et donc cela détonne pas mal au sein du film en lui-même. Clairement, je ne m'attendais pas à retrouver cet aspect social dans l'adaptation. C'est quelque chose d'assez compliqué à mettre en image, surtout quand ce n'est pas le propos au cœur du film a contrario du harcèlement dans Carrie dont je reprochais l'absence dans le film de Brian De Palma. 

Cependant, ce qui est un problème plus important dans l'aspect adaptation c'est que Marsten House ne dégage clairement pas la même aura que dans le livre. L'iconisation de la maison est loupée, même absente. Il y a bien quelques plans qui se fixent sur elle, mais il manque clairement quelque chose à la réalisation pour qu'on ressente la fascination des personnages pour la bâtisse. Aucune image de la maison ne m'est restée en tête alors que c'est sensé être un point important dans le récit.  C'est même une thématique névralgique dans la bibliographie de Stephen King que ces lieux qui suintent le Mal. Dans Salem's Lot, on ne retrouve pas cette sensation. Ce qui est peut-être le seul gros faux pas du film vis à vis de son matériel d'origine. 

Avoir une adaptation correcte, c'est bien, mais est-ce que Salem's Lot est bon sur son versant cinématographique ? Ne l'oublions pas, on est pas face à un livre animé, mais bel et bien devant une oeuvre cinématographique à part entière. En vérité, c'est là que se trouve majoritairement les problèmes de Salem's Lot
En premier lieu et peut-être l'un des points négatifs le moins important, c'est que le film a extrêmement mal vieilli. Pourtant je suis un bon public pour les films assez datés et en général je leur trouve un certain charme dans leur aspect vieillissant. Avec Salem's Lot c'est vraiment compliqué et on peut malheureusement que difficilement se retenir de sourire ou rire devant certaines scènes. J'ai notamment en tête celle autour des parents de Mark qui est dans le livre une scène assez violente physiquement et psychologiquement et qui dans le film tourne un peu au ridicule à cause des bruitages. Tout comme, le bruit émis par Barlow qui ressemble à un mix entre une tronçonneuse et un feulement de chat. Et en même temps, on sent qu'ils ont essayé de pallier au fait que l'acteur ne pouvait pas parler avec son masque ou prothèse (je ne sais pas ce qui a été utilisé) et on aimerait être indulgent, mais cela donne un aspect parfois un peu ridicule, en plus d'enlever la vicissitude du personnage. Le seul aspect technique qui ressort encore bien en 2020 dans le film, ce sont les vampires flottant aux fenêtres et qu'on peut voir sur la jaquette ci-dessus. Pour le coup, l'effet fonctionne très bien et le fait que les scènes soient tournées à l'envers retranscrit encore bien l'aspect éthéré de ces êtres. 

En revanche l'un des défauts majeurs du film est son rythme extrêmement lent. Effectivement, il y a beaucoup de choses à raconter surtout quand on suit le livre aussi bien, mais dans un film, qui en plus dure 3h, une telle lenteur des actions couplée à une longueur infinie des plans à vite fait de faire décrocher le spectateur. Le film prend beaucoup trop son temps dans toute sa première partie pour au final pas grand chose puisque dans le livre tout cela nous sert à appréhender les habitants de Jerusalem's Lot, ce qui est supprimé dans le film. Alors de quoi est constituée cette longue première partie du film ? De la romance entre Ben et Susan et de gens qui s'observent. Le problème c'est que même quand tout cela doit s'accélérer à partir du moment où les vampires passent à l'attaque, ce qui est le cas dans le livre où l'action est plus soutenue, le film reste dans son rythme très lent. A un moment, le spectateur a besoin d'une petite dose d'adrénaline pour se maintenir dans ce qu'il regarde, ce que ne propose pas Salem's Lot. Le spectateur se contente de se laisser guider de scène en scène, laissant échapper peu à peu son attention. Si au moins, il y avait des scènes un peu sanglantes et violentes pour se mettre quelque chose sur la dent, mais ce n'est pas le cas. Le film est extrêmement sage sur cet aspect. Je ne crois même pas qu'on voit une seule goutte de sang couler, ce qui est un peu un comble pour un film avec des vampires. 

Au-delà de ce rythme extrêmement lent, la deuxième problématique qui rend le visionnage du film compliqué c'est clairement le manque d'attachement aux personnages principaux. Si je ne remets pas en cause le jeu du casting composé principalement de David Soul (Starsky et Hutch, Magnum Force) et Bonnie Bedelia (Piège de cristal, Parenthood) dans les rôles de Ben et Susan qui jouent bien leur rôle, c'est plutôt dans la caractérisation de leur personnage. Même en connaissant leur matériel d'origine, j'ai vraiment eu du mal à m'attacher à eux. Je trouve qu'ils ne sont jamais très bien définis et n'ont qu'une fonction narrative et pas du tout émotionnelle tout au long du film. On suit leurs actions, mais on ne les vit pas. D'autant que leur romance était une faiblesse dans l'ouvrage de Stephen King de par sa rapidité et le fait qu'on s'y attarde assez peu, le film en rajoute une couche et achève de rendre cet aspect assez peu intéressant.  Ce qui rend une certaine modification autour de Susan assez inutile, et donc l'intention de créer une tension supplémentaire échoue complètement. Si je devais donner une hypothèse à ce problème, c'est que les personnages sont traités comme dans Massacre à la tronçonneuse. Dans ce dernier, les personnages sont très peu creusés et sont des archétypes psychologiquement ou visuellement. Cela fonctionne puisque Massacre à la tronçonneuse est l'un des créateurs du genre du slasher et c'est un genre qui propose surtout un plaisir de l'exécution des victimes et donc ne cherche pas à ce qu'on s'y attache. Sauf que ce n'est pas le genre de Salem's Lot, mais les personnages y sont quelque peu traités de la même manière et donc le film ne crée pas un attachement particulier. 
Paradoxalement, on s'attache plus à l'un des antagonistes, Straker, qui est interprété par James Mason (Jules César, Vingt milles lieues sous les mers). Dans le film, Straker a un rôle plus important que dans le livre, certainement pour pallier au fait que Barlow ne peut pas s'exprimer et avoir beaucoup d'expression à cause de son design. Et si au début du film je n'étais pas très convaincu par le choix de casting qui donnait une impression de papy un peu fragile, alors que dans le livre il est décrit comme imposant et menaçant par sa simple présence, j'ai fini par m'y attacher et à vraiment l'apprécier. D'autant plus que cette apparence plus fragile renforce la rupture de ton autour de lui quand il déchaîne sa violence et les meurtres sur la ville et les personnages. Mais au-delà de Straker, il est vraiment bien difficile de s'attacher aux autres personnages secondaires que cela soit Mark, interprété par Lance Kerwin qui retranscrit assez bien le manque d'émotions du personnage ou le père de Susan, qui gagne ici une plus grande importance, qui est interprété par Ed Flanders. 

Enfin du point de vue de la technique, mis à part les vampires flottants, le film est assez sage. Si certains plans sont assez jolis dans leur configuration, la caméra reste assez souvent fixe. De plus, un quelconque jeu sur la lumière et l'obscurité est absent alors qu'il aurait été intéressant avec des créatures vampiriques de proposer quelque chose d'un peu plus recherché, même pour l'époque. 

En conclusion, Salem's Lot n'est pas une adaptation honteuse, elle possède surtout énormément de défauts sur l'aspect cinématographique. Le versant adaptation est lui plutôt correct et respecte l'oeuvre de Stephen King en y reprenant les points essentiels de Salem. Là où le film pèche c'est par un rythme extrêmement lent qui ne s'accélère jamais et un véritable manque d'attachements à ses personnages. Les trois heures paraissent bien longues et le film n'offre finalement que bien peu de branche pour s'y raccrocher, encore plus si on n'a pas lu le livre avant. Ce n'est donc pas un mauvais film, ni même un bon, juste un film moyen qui se laisse regarder par les plus curieux, mais qui ne marque clairement pas les esprits. 

Un design intéressant et rappelant le Nosferatu de Murnau, mais peut-être trop handicapant pour recréer le personnage de Barlow !

Un design intéressant et rappelant le Nosferatu de Murnau, mais peut-être trop handicapant pour recréer le personnage de Barlow !

Les Enfants de Salem (A Return to Salem's Lot) de Larry Cohen : Ridicule du début à la fin !

Synopsis : L'anthropologiste Joe Weber retourne à Salem's Lot, ville de son enfance, accompagné de son fils, et découvre qu'elle est désormais peuplée de vampires. Les vampires, connaissant le côté amoral de Weber, lui demandent d'écrire leur histoire, ce que commence à faire Weber, qui refuse de les juger.

Date de sortie : 11 septembre 1987 (USA) / 2 mars 1988 (France)
Durée : 101 minutes

Une affiche bien plus jolie que tout ce que le film peut proposer !

Une affiche bien plus jolie que tout ce que le film peut proposer !

Etre motivé et déterminé pour mener à bout un projet est souvent une bonne qualité, mais parfois on ferait mieux de s'abstenir surtout au vu de l'horreur qui peut nous attendre au bout du chemin. Les Enfants de Salem ont été l'occasion d'un long moment de recherche pour tenter de m'en procurer une version légale ou par téléchargement. Une quête sans succès jusqu'à ce que je trouve le film en dématérialisé sur le Microsoft Store uniquement en VF et à un prix assez élevé. Tout cela pour regarder certainement l'un des pires navets que j'ai pu voir même indépendamment pris de l'aspect adaptation dont traite ces dossiers. Cela dit avant de rentrer dans l'horreur, qui n'a rien à voir avec les vampires du film, recontextualisons un peu ce projet. 

Les Enfants de Salem est un long métrage qui se veut être pensé comme une suite au roman de Stephen King et son adaptation en téléfilm, mais sans se baser sur une œuvre de l'auteur, à la manière d'un Carrie 2. A savoir qu'il existe une réelle suite à l'histoire de Salem, une nouvelle dont le nom français est Un dernier pour la route publiée dans le recueil Danse macabre. Nouvelle dont la première parution date de 1977 dans le magazine Maine, tandis que le recueil Danse macabre a été publié en 1978, donc bien avant la génèse des Enfants de Salem. Se pose alors une première question : pourquoi ne pas avoir pris pour base de scénario cette nouvelle ? Liberté créatrice, l'envie d'aborder de nouveaux thèmes, etc.... Autant de raisons que je peux comprendre, qui sont louables et qui peuvent donner des projets intéressants et qui ne se retrouvent pas dans ce film. Cependant ce n'est vraiment pas la question principale qui se pose une fois le film terminé.
La question principale qui me turlupine et qui est basique au possible pour ce genre de projet : en quoi ce film est relié à l'œuvre de Stephen King ? Effectivement, le film se déroule dans une ville qu'on nomme Jerusalem's Lot abrégée en Salem, mais au-delà de ça il y a littéralement zéro rapport avec l'histoire de Salem. Aucun personnage connu n'est mentionné et il n'est jamais fait mention des événements qui se sont produits dans la ville auparavant. La ville en elle-même, mis à part son nom, n'a rien en commun avec celle présentée dans le téléfilm. Pourtant il n'y a rien de plus simple pour présenter la ville de Jerusalem's Lot : filmer une maison blanche en haut d'une colline qui domine la ville ou à la rigueur une ruine fumante comme la ville est censée être partie en fumée à la fin du roman. Ce n'est pas comme si Marsten House n'est pas traitée comme un personnage à part entière dans le roman, comme la source du Mal et que tout le récit est construit autour de la bâtisse. Pour un film qui se gargarise lors de son générique d'ouverture d'être basé sur les personnages créés par Stephen King, j'ai l'impression que Larry Cohen et James Dixon, les deux scénaristes, n'ont pas lu attentivement l'ouvrage, pour ne pas dire qu'ils ne l'ont pas lu. De manière générale, Les Enfants de Salem est une suite de Salem telle que pourrait le faire une personne qui a entendu un mauvais résumé de l'ouvrage ou du téléfilm. Sans le nom de la ville et le titre sur l'affiche, rien ne relie les deux œuvres et honnêtement je ne comprends pas comment ce projet s'est retrouvé être vendu comme une suite à Salem.

Avant de rentrer dans l'énumération de toutes les choses horribles que ce film peut faire vivre à son spectateur, faisons preuve d'un peu d'honnêteté et mentionnons deux petits éléments positifs, en tout cas moins pire que le reste. Le premier élément est un embryon de scénario intéressant, que dis-je un ovule serait plus adéquat comme image vu que cela consiste en deux ou trois phrases dans les 1h40 de film. Cette micro bonne idée est de mettre en parallèle la société vampirique qui s'est développée à Salem avec la société humaine. De poser la question : est-ce que les vampires ne seraient-pas moins monstrueux que les humains ? Questionnement intelligent et base d'un scénario intéressant, mais voilà Les Enfants de Salem n'évoque cet aspect que lors de deux dialogues avant de l'oublier complètement. Tout comme le fait que son personnage principal est un anthropologue et qu'il est sensé écrire une étude sur cette société vampirique afin de la légitimer aux yeux de l'humanité : objectif oublié et perdu au bout de cinq minutes de film pour au final ne proposer qu'une simple errance de son personnage principal qui au bout d'un moment décide de se rebeller, mais sans réel raison vu qu'il a récupéré son fils et que les vampires ne l'ont jamais réellement agressé. 
Le deuxième élément à sauver dans ce film est un élément de mise en scène sur la fin de ce dernier. Ce n'est rien de révolutionnaire puisque cela consiste à filmer le soleil de façon à ce que son rayonnement fasse une croix alors que les vampires de la ville brûlent. C'est très basique et simple, mais comme il n'y aucune mise en scène ou composition d'image durant tout le film, le moment où une idée apparaît cela brise la monotonie et ressort bien plus positivement que cela devrait être. 
Maintenant que ces deux points ont été évacués passons au carnage et continuons sur la mise en scène.

Les Enfants de Salem ne possède aucune mise en scène. Tout le film est uniquement composé de champs-contrechamps et de temps en temps d'un léger mouvement sur la gauche ou la droite. La lumière et la photo ne viennent jamais à la rescousse d'une mise en scène absente. Parlons-en de la lumière et du fait que dans un film qui se veut être horrifique on attend un minimum de travail sur cet aspect et notamment dans les scènes de nuit. Dans Les Enfants de Salem aucun travail de l'obscurité, tout est parfaitement visible et nous offre la plus pure des nuits américaines. Le film est visuellement d'une monotonie morbide et aucun plan ne viendra sauver l'ennui du spectateur.
Si la réalisation est absente, les effets spéciaux sont bien là eux. En tout cas, ils essayent d'être présent et ils auraient mieux fait de s'abstenir tant ils sont horribles au possible, et pas dans le bon sens du terme. Le film dispose, selon IMDb, d'un budget de 12 millions de dollars et on se demande bien où ils sont passés quand Les Vampires de Salem avec seulement 4 millions de budget a l'intelligence de ne pas en faire trop et même si cela a assez mal vieilli dans l'ensemble, cela restait honnête à l'époque. Ici et même en se remettant dans le contexte de 1987 c'est une horreur. On voit à plusieurs reprises un vampire qui a vaguement l'apparence de Barlow sauf qu'en lieu et place d'un vampire on a le droit à ce qui ressemble plus à un gobelin. Tous les effets du film sont loupés et on n'y croit pas à un seul instant, et donc on ressent encore moins le côté horrifique. Mention spéciale à une scène de combat à la fin où notre héros, Joe, plante un pieu dans le gazon, mais arrive tout de même à tuer le vampire à côté. De manière générale, tout ce qui touche à l'action et au combat est d'une mollesse intersidérale.

Un scénario inexistant et une réalisation aux fraises, reste-t-il un mince espoir de qualité avec les personnages ? La réponse est bien évidemment négative. Déjà cela passe par des prestations de la part des acteurs qui ne sont plus en sous-jeu à ce niveau, mais en état de mort cérébral. Je n'ai pas vu le film en VO, mais au vu de leur acting facial et leur gestuelle cela ne sentait pas très bon, mais les critiques de l'époque confirment cette impression avec The De Moines Register qui parle d'un "a festival of bad acting" et qualifie le film ainsi "Return, in fact, plays like a movie made by people who've heard about how movies are made but who've never seen one". The Age ne sera pas plus tendre en disant du film qu'il abuse de l'hospitalité du spectateur en moins de cinq minutes ("outstay[s] its welcome after about five minutes."). Mais rassurez-vous le doublage français n'est pas en reste tant il est atroce et semble rendre justice à la qualité du jeu d'acteur déployé par Michael Moriarty, Ricky Addison Reed ou Samuel Fuller pour ne citer que les acteurs principaux. Il faut imaginer qu'une distribution de Prozac a eu lieu avant l'enregistrement du doublage et qu'ils font exprès de mal jouer. C'est la seule explication que j'ai parce quand on arrive à moins bien jouer qu'en lisant  simplement ses lignes de dialogues, c'est qu'on le fait exprès. Au début, c'est évidemment très drôle, mais au bout de trente minutes ce petit manège est lassant au possible. 
Le jeu est catastrophique, mais l'écriture des personnages l'est tout autant. Tous les personnages sont lunaires et incompréhensibles dans leurs motivations ou même leur caractère. La relation entre Joe et son fils est peut-être la pire relation père-fils que j'ai pu voir dans un film. L'enfant ne parle jamais comme un enfant, aucune relation n'existe entre les deux et rien dans le film ne fera naître ne serait-ce qu'une lueur de cet aspect. Aucune alchimie ne se dégage des deux protagonistes. Cependant la palme d'or du n'importe quoi revient au personnage de Joe qui est bien au-delà de toute incohérence. Le personnage n'est pas excentrique, dans un état d'esprit qui lui serait propre, il est juste absent, il réalise des actions qui n'ont aucun sens entre elles et il erre d'une scène à une autre. Prenons un exemple, lors de la révélation au personnage que toute la ville est aux mains des vampires, il commence par prendre peur, à se révolter un peu et à s'inquiéter de ce qu'ils font faire à son fils avant que le maire de la ville lui fasse faire tranquillement un petit tour de sa communauté. Notre bon Joe il est bougon tout le long du chemin jusqu'à ce qu'on l'emmène dans une maison où l'attend une jeune femme, ancien béguin lorsqu'il était adolescent. A ce moment là, tout est oublié et le première réflexe du personnage c'est de coucher avec cette femme dont la nature vampirique ne fait aucun doute. Il reproduira ce schéma à plusieurs reprises que cela soit pour la deuxième scène de sexe avec ce personnage ou pour tout autre action qu'il entreprend durant le film. Un petit mot sur ce personnage féminin qui n'est littéralement là que pour se dénuder et montrer sa poitrine à la caméra, aucun développement, aucun impact sur le déroulé de l'histoire, rien si ce n'est une paire de seins. Au moins Susan faisait preuve d'indépendance, d'initiative et avait une part importante dans le récit. 

Je peux encore m'étendre longtemps sur les problèmes qui parsèment le film que cela soit comme matériel indépendant de toute filiation de l'œuvre de Stephen King, mais aussi dans sa filiation inexistante qui va même plus loin puisqu'elle récrit même l'histoire de Jerusalem's Lot. En effet, lors d'une scène un professeur explique aux enfants vampires comment ils sont arrivés dans ce lieu et bien évidemment cela ne colle clairement pas aux événements de Salem. Je pense que vous avez compris à quel point ce film est mauvais et qu'il est à fuir.

En conclusion, Les Enfants de Salem est un film ridicule du début à la fin. S'il dispose d'une micro-intention intéressante dans son scénario, cette dernière s'efface très rapidement pour laisser place à un grand vide narratif aussi inintéressant qu'il est d'une mollesse effarante. La réalisation est réduite au strict minimum et ne possède aucune recherche esthétique que cela soit dans les plans de caméras ou la lumière. L'aspect horrifique voulu par le long métrage ne fonctionne jamais et fait sourire malgré lui. Les effets spéciaux sont à la ramasse et d'une horreur crasse. Les acteurs sont en mort cérébral pour des personnages aux dialogues et réactions lunaires au possible. Enfin sa filiation avec l'œuvre de Stephen King, ou même au téléfilm, est inexistante si ce n'est que quelques personnages indiquent qu'ils se trouvent à Jerusalem's Lot. Un film à fuir autant par les fans de l'écrivain que les cinéphiles qui veulent découvrir une série B avec des vampires.

Un vampire ou un gobelin ? A vous de me le dire !

Un vampire ou un gobelin ? A vous de me le dire !

Salem ou Salem's Lot de Mikael Salomon : Une excellente adaptation !

Synopsis : L'écrivain Ben Mears revient sur les lieux de son enfance, à Jerusalem's Lot, dans le but d'écrire un livre sur Marsten House, grande demeure inhabitée et à la sinistre réputation, et découvre que la maison a été récemment rachetée par deux antiquaires, Straker et Barlow, qui viennent de s'installer en ville (bien que seul Straker ait été vu jusqu'à présent). Par ailleurs, Ben commence à nouer une relation sentimentale avec Susan Norton et se lie d'amitié avec Matt Burke, un professeur de lycée. C'est alors que le jeune Ralphie Glick disparaît et ne peut être retrouvé malgré les battues effectuées par les habitants, et que son frère aîné, Danny, tombe gravement malade et meurt sans que sa maladie ne puisse être diagnostiquée. L'horreur s'installe alors sur Salem.

Date de sortie : 20 et 21 juin 2004 (USA) / 14 avril 2007 (France)
Durée : 181 minutes

Une affiche somme toute classique, mais qui laisse apercevoir déjà un très bon acteur !

Une affiche somme toute classique, mais qui laisse apercevoir déjà un très bon acteur !

Comme souvent pour ces adaptations sous forme de téléfilm ou de mini-série américaine, je dois vous faire part de la difficulté de se procurer légalement ce dernier. Même de manière illégale, ils ne sont pas aisés à trouver, bien souvent dans des qualités assez immondes, et bien souvent introuvables. En l'occurrence pour cette mini-série Salem's Lot c'est le DVD comprenant une version originale sous-titrée en français ou à défaut une version française qui s'avère introuvable. J'ai dû me procurer un DVD italien qui fort heureusement comprend le doublage anglais ainsi que des sous-titres en anglais. Cette rareté est bien dommage puisque disons-le immédiatement, mais cette version est la meilleure adaptation de Salem et c'est même une excellente adaptation !

Des changements mais à bon escient

Salem's Lot n'est pas une adaptation à la virgule près et si on devait la comparer avec le film de 1979, ce dernier serait plus fidèle à l'ouvrage de Stephen King. Cependant, les modifications dans cette nouvelle version ne sont pas dérangeantes, ni même d'une grande importance sur le propos de fond et ce qui fait la force du récit. Ce sont les personnages qui sont le plus impactés par les modifications réalisées par Peter Filardi, le scénariste, et qui voient leur background et leur situation altérés vis-à-vis du matériel de base. Globalement, ils sont modernisés pour s'accorder aux années 2000, époque à laquelle l'histoire se déroule également. Par exemple, Mark devient un enfant plus turbulent face à l'autorité, ce qui était le cliché de l'enfant marginal de ces années. Sa passion pour les monstres est toujours présente, mais ne constitue plus un motif de marginalité comme cela pouvait l'être dans les années 70. Tous les personnages sont ainsi modifiés ou fusionnent afin de garder un nombre acceptable pour une œuvre filmique. Tout cela ne constitue en aucun cas une trahison envers le récit de Stephen King, les personnages conservent leur caractéristique principale, par exemple le prêtre reste un alcoolique à la foi vacillante, et ceux qui sont appréciables le restent tout comme les antagonistes. 

Si Salem's Lot se permet un nombre conséquent de modifications, le film respecte les étapes importantes de la narration. Chaque élément important est à sa place et guide le récit. Seule modification, la fin qui possède une véritable conclusion et non une ouverture comme dans le livre. Ce qui est tout à fait compréhensible dans le cadre d'un film qui se veut en one-shot, il faut une conclusion à la fin du récit, là où un livre peut se permettre d'être plus ouvert. Si vous avez aimé le fil narratif et les péripéties de l'ouvrage de Stephen King, vous ne serez pas déçu par Salem's Lot, à peu près tout y est. Encore une fois, Peter Filardi a fait un excellent travail de réécriture et a su conserver les éléments les plus importants, ceux qui donnent une dynamique et une montée progressive du drame de la ville et de sa chute inévitable.
Le film est tellement respectueux et a bien compris son matériel d'origine qu'il se permet d'inclure l'aspect tranche de vie du livre au sein de sa narration. Alors évidemment, c'est beaucoup plus succinct que dans Salem, le film dure déjà 3 heures et n'a pas le temps de développer plus, mais l'effort est louable. Cela va passer par de la voix off au début, puis par le fait qu'on va suivre deux groupes de personnages, en-dehors de ceux de l'intrigue principale. L'un de ces groupes est constitué de Eva et Ed dont le récit possède une tendresse infinie. Une douce tragédie qui n'est pas nécessaire au récit, mais permet d'avoir une autre vision de ce qui se passe dans la ville.
 
Enfin, s'il fallait une dernière preuve que Salem's Lot est une excellente adaptation, c'est son traitement de Martsen House. Si je déplorais le manque d'attention portée à Marsten House dans le film de 1979, ici Mikael Salomon a parfaitement compris ce qu'elle représente dans le roman. Il réussit à retranscrire, de manière très simple, l'aspect menaçant et dominant de la demeure : elle est toujours filmée en contre-plongée. Ce  processus cinématographique très basique fait que la maison est toujours en position dominante sur les personnages. Symboliquement elle les écrasent dans le cadre et donc rendant compte parfaitement de son aura maléfique. Ce n'est qu'au moment d'y mettre le feu que les rapports s'inversent et que la maison n'est plus en position dominante. C'est simple mais efficace, prouvant que le réalisateur a compris l'une des forces du récit de King qui avait réussi à faire de cette demeure un antagoniste éthérée, un phare de ténèbres. 

Un film très sympathique et plein de réussite

Vous l'avez compris sur le versant adaptation je n'ai rien à reprocher à Salem's Lot, les changements sont mineurs ou bien venus pour le rendre digeste. Cependant qu'en-est-il de sa qualité en tant que simple film ? Là-aussi le ressenti est très positif. 

Pour continuer sur la réalisation de Mikael Salomon, Salem's Lot version 2004 est celui qui possède le plus de soin apporté au cadre, à la lumière et à la photographie. En même temps, quand derrière la caméra on a le directeur de la photographie de Spielberg sur Abyss, on est pas surpris du résultat. Le film possède quelques plans marquants qui lui donnent tout de suite une identité propre par rapport aux deux autres. Salem's Lot dégage une véritable ambiance qui arrive à happer son·a spectateur·trice. 
Le film dure 3 heures, ce qui peut paraître particulièrement long sur le papier, mais il possède un très bon rythme et on ne voit pas le temps passer. Contrairement au premier film dont je déplorais la lenteur qui rendait les trois heures interminables, ici il n'y a pas le temps de s'ennuyer devant l'écran. Il y a toujours quelque chose qui se passe et le film alterne habilement entre action et temps de pause. Cette sensation d'un film bien rythmée vient aussi de l'accompagnement musical qui est de très bonne qualité. A noter également que les effets spéciaux restent encore tout à fait correct aujourd'hui. Les moments où les vampires marchent au plafond sont toujours très réussis et fonctionnent bien. 

Une des autres forces du film est son casting très convainquant et notamment l'excellent choix réalisé pour les antagonistes. Les deux personnages principaux à savoir Ben Mears et Susan Norton sont respectivement incarnés par Rob Lowe (A la Maison-Blanche ; 9-1-1 : Lone Star) et Samantha Mathis (American Psycho ; The Strain) qui sont très bons dans leur rôle. Ils incarnent très bien les personnages et on ressent immédiatement une connexion avec eux. Samantha Mathis a même été nommée pour son rôle aux Saturn Awards et c'est mérité, elle livre une très bonne prestation. Cependant les deux personnages qui m'ont le plus marqué sont Straker et Barlow, incarnés respectivement par Donald Sutherland (Hunger Games ; Ad Astra) et Rutger Hauer (Blade Runner ; De chair et de sang). Ils volent véritablement la vedette quand ils sont à l'écran, ils dégagent un véritable charisme et sont inquiétants à différents niveaux, ce qui correspond bien à leurs personnages. 

Ce qui me permet d'enchaîner sur les quelques défauts, très mineurs, du film. Le principal est l'absence de la peur. Si Barlow dégage un charisme certain et on comprend aisément son pouvoir d'attraction sur les mortels, l'aspect terrifiant du personnage a disparu. Les seuls moments qui peuvent provoquer un frisson sont ceux où les vampires marchent au plafond parce qu'ils ont une démarche légèrement désarticulée, rendant tout de suite le processus quelque peu dérangeant. Mais au-delà de ça, il n'y a pas grand chose de terrifiant. Le film n'est pas aseptisé, il y a un peu de sang, mais la peur est absente. Enfin, quelques acteurs secondaires sont parfois en sous-jeu ou à la limite, c'est dommage. 

En conclusion, Salem's Lot est une excellente adaptation du roman de Stephen King. Le film se permet de réaliser des modifications, mais qui restent mineures et qui sont là uniquement pour s'adapter au support filmique. Pour le reste, le film suit les grandes étapes du roman et prouve à maintes reprises que le scénariste et le réalisateur ont compris ce qui faisait la force de Salem et le retranscrivent très bien. Le film est également très bon en lui-même. Il possède un très bon rythme qui le rend agréable à regarder malgré ses trois heures de durée, ainsi qu'une réalisation et un travail de la photographie qui le rend très appréciable. Le casting principal est très bon et possède deux acteurs au charisme certain et qui crèvent l'écran avec Donald Sutherland et Rutger Hauer. Seul petite ombre au tableau, l'absence de jeu sur la peur qui aurait pu rendre encore meilleure cette adaptation.

Rutger Hauer incarne à la perfection Barlow et lui confère un charisme certain !

Rutger Hauer incarne à la perfection Barlow et lui confère un charisme certain !

D'autres adaptations à venir pour Salem 

A ce jour, une nouvelle adaptation a été annoncé par les studios New Line qui serait produite par James Wan et Gary Dauberman. Gary Dauberman devrait réaliser également le film. Doit-on s'en réjouir ? Globalement, je pense que oui. James Wan et Gary Dauberman ne sont pas des inconnus. James Wan c'est le petit génie du film d'horreur à sensation de ces dernières années, il a notamment réalisé les premiers Saw, Insidious, les Conjuring et c'est également l'une des têtes pensantes du Conjuring Verse. Donc on est clairement sur de la bonne qualité et des productions à succès. En ce qui concerne Gary Dauberman, il a énormément travaillé ces dernières années en collaboration avec James Wan et donc les signaux sont plutôt positifs. Cependant, il est capable de faux pas comme l'horrible Annabelle dont il est le scénariste. Heureusement il s'était rattrapé sur Annabelle 2 et 3. Il a d'ailleurs réalisé le troisième opus et cela a donné quelque chose de plutôt qualitatif. Il n'a pas forcément les idées géniales de réalisation qu'on retrouve chez James Wan, mais c'était très efficace. J'ai donc envie d'y croire et il y a de bonnes raisons de le faire. On risque d'avoir à minima un film d'horreur terrifiant, maintenant à voir s'ils respecteront l'esprit du récit de Stephen King.  

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