L'Ami imaginaire de Stephen Chbosky : Un plaisir bien réel !

Une mère et son fils en cavale trouvent refuge dans la petite communauté de Mill Grove, en Pennsylvanie. Mais dans ce havre de paix, le petit garçon disparaît. Quand il émerge de la forêt six jours plus tard, il a l'air indemne. Lui seul sait que quelque chose a changé. La voix du bois est dans sa tête et lui dicte une mission. S'il ne lui obéit pas, sa mère et tous les habitants de Mill Grove risquent de subir son courroux....

Date de parution : 2019
Genre : Horreur, Thriller
Nombre de pages : 982 (version poche)
Traducteur : Jean Esch
Nationalité : Etats-Unis

La couverture qui reprend l'esthétique de certains romans de Stephen King !

Filiation profonde avec Stephen King

Si vous aimez les romans de Stephen King, il y a fort à parier que celui-ci vous plaira également. Il est indéniable que l'Ami imaginaire s'inspire très fortement de plusieurs œuvres de Stephen King avec en tête It pour l'aspect groupe d'enfants qui vont sauver une petite ville américaine, mais également un peu de Shining avec l'enfant qui possède des dons. L'auteur ne s'en cache pas puisqu'il le remercie directement en soulignant qu'il l'a inspiré sur beaucoup d'éléments de son histoire. Peut-être même un peu trop puisque l'auteur a dû mal à parfois exister en-dehors de la copie du style King, une très belle copie mais qui manque parfois de personnalité. 
Ce qu'il reprend il le fait bien et de manière passionnante. On retrouve cette thématique du fantastique à tendance horrifique qui fonctionne si bien. L'auteur nous fait nous attacher très rapidement à ses personnages, tout en développant toute une galerie d'archétypes bien écrit. Il est très facile de les identifier au fur et à mesure du récit. L'aspect fantastique de l'histoire est très bien géré. Il est suffisamment fascinant pour accrocher le·a lecteur·trice tout le long de ce volumineux récit. Il est également toujours cohérent avec ses propres règles. Les montées d'adrénalines sont courantes au cours de la lecture et l'auteur réussit très bien à décrire les différents environnements et notamment l'horreur de ces derniers. Des visions bien dérangeantes et/ou sanguinolentes se sont formées au cours de la lecture de certains passages, signe de la réussite de la capacité du roman à m'immerger dans son récit. Le cheminement narratif de l'aventure est également couronnée de succès. Les péripéties s'enchaînent bien et les rebondissement suffisamment nombreux pour maintenir en haleine le·a lecteur·trice ou rabattre les cartes de son intrigue. Souvent grande aventure fantastique, le roman est également par moment plus intimiste et nous emporte au plus près de ses personnages et des cheminements de leur vie. Parfois des vies dures ou compliquées, mais il ne tombe jamais dans le voyeurisme et déroule habilement son propos. Tout comme dans It l'une des thématiques sociales du récit est l'opposition entre la simplicité et l'innocence des enfants face au monde malheureux des adultes. C'est également la corruption des enfants par les adultes et dont l'innocence devient le mégaphone de la violence et de la discrimination. Ce qui rend aussi cette aventure grande c'est que des enfants se retrouvent confrontés à des problématiques qui les dépassent : il est question d'une grande violence à affronter qui n'hésite pas à tuer, à torturer. Des ingrédients qui fonctionnent bien sous la plume de Stephen Chbosky. 

Ecriture captivante

L'écriture de Stephen Chbosky a beaucoup joué également dans le fait que j'ai dévoré le livre. Elle est d'une simplicité et d'une fluidité remarquable. Les phrases sont généralement assez courtes et au style courant. La métrique des mots se marient parfaitement au rythme du récit. L'auteur sait quand est-ce qu'il doit accélérer le rythme de sa narration ou au contraire la ralentir. Cela va se traduire par une réduction des phrases à leur minimum ou un rallongement de celle-ci dans des descriptions très efficaces. Comme je l'ai évoqué plus haut Stephen Chbosky possède une véritable force évocatrice dans ses descriptions. On s'image parfaitement les personnages et les environnements dans lesquels ils évoluent. De la même manière, les dialogues sont très réalistes et sonnent juste à chaque fois. Tout comme les sentiments et les évolutions des personnages. En quelques mots l'auteur arrive à poser des états psychologiques clairement bien définis. 
Malgré le fait que le roman soit assez volumineux, presque 1000 pages dans sa version de poche, le rythme de la narration est parfaitement ajusté. Le récit ne dispose pas de moment de creux. Il y a toujours un élément qui vient captiver le lecteur et faire avancer le récit d'une manière ou d'une autre. On a toujours la sensation de progresser même quand on se trouve dans un temps de pause entre deux péripéties. La grande réussite du roman au niveau de son rythme se trouve dans le derniers tiers. A partir de ce moment, tout s'accélère dans l'histoire et cela se ressent au niveau de l'écriture et de la narration. L'auteur arrive à retranscrire parfaitement l'aspect étouffant de ce dernier tiers, on halète avec les personnages et on attend avec impatience la grande bouffée d'air qu'on nous refuse. On se sent oppressé et acculé par la quantité d'événements qui se produisent. Une véritable réussite d'écriture. 

Quelques mineurs défauts

Comme je l'ai évoqué dans la filiation avec Stephen King, l'ouvrage manque parfois d'un propos personnel. On a l'impression qu'il veut tellement rendre hommage au modèle qu'il n'arrive pas à déployer sa propre pensée, notamment dans les aspects sociaux de l'histoire. C'est une part importante de la narration de Stephen King qu'on ne retrouve pas forcément ici. Quand je lis un roman, j'ai envie que l'auteur ou l'autrice me raconte quelque chose de plus personnel que son récit même s'il est bien écrit. Dans l'Ami imaginaire cet aspect est bien trop léger pour que j'en ressorte une réflexion alors que tout le reste est parfait. 
Enfin, le final m'a laissé quelque peu sur ma faim. Cela ne concerne pas la résolution de l'intrigue, mais plutôt l'imaginaire qu'elle invoque. L'auteur part dans une direction et un imaginaire bien trop classique. Je l'avais craint à plusieurs reprises dans le récit et j'ai vraiment cru qu'il allait esquiver cette idée bien trop attendue. Malheureusement ce n'est pas le cas et à titre personnel a quelque peu amoindri l'appréciation de la fin du roman. 

Stephen Chbosky connu surtout pour être l'auteur et réalisateur du Monde de Charlie !

En conclusion, L'Ami imaginaire de Stephen Chbosky est une véritable réussite. Le roman s'inspire beaucoup de Stephen King tout en réussissant à raconter sa propre histoire. Une histoire passionnante où le fantastique-horrifique se confronte à l'innocence d'un groupe d'enfants. L'écriture captivante de l'auteur nous immerge totalement dans son récit avec une excellente gestion du rythme. Malgré quelques petits défauts mineurs, il est bien difficile de lâcher l'imposant roman tant son aventure captive, qu'on apprécie les personnages et qu'on s'immerge dans le récit.

Ma note : Excellent !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux