Arcane Saison 1 de Christian Linke et Alex Yee : Incroyable !

Le scénario suit principalement Jinx et Vi, deux sœurs ayant vécu une difficile enfance à Zaun, mais qui, désormais adultes, mènent une vie très différente l'une de l'autre, ainsi que Jayce et Viktor, deux scientifiques ayant découvert et stabilisé une molécule permettant de grandes avancées technologiques. 

Date de diffusion : 2021
Actrices et acteurs : Hailee Steinfield, Ella Purnell, Kevin Alejandro, Katie Leung, Harry Lloyd
Musique : Alexander Temple, Alex Seaver et Andrew Kierszenbaum
Nombre d'épisodes : 9
Durée des épisodes : 39-44 minutes
Nationalité : Etats-Unis / France

Affiche très classe pour Arcane !

Histoire palpitante

Comme pour toute adaptation d'une histoire existante sur un autre support se pose la question de l'accessibilité aux personnes extérieures à l'univers. 
Arcane réussit à être accessible à tous qu'on connaisse l'univers ou non de League of Legends. Le style du jeu doit certainement aider grandement puisque L.O.L. est un jeu sans vraiment d'histoire à proprement parler dans son gameplay. Le lore existe et il est très dense, mais pour les joueurs il consiste seulement à lancer leur partie et à se battre dans une arène afin de détruire le cristal adverse, en schématisant très grossièrement. De fait, cela laisse pas mal de liberté aux créateurs de la série sans avoir à devoir jongler avec certaines séquences obligatoires qui peuvent entraver un fil narratif. Arcane est libre de tout cela et nous livre une histoire intéressante et captivante. 
Cela dit pour avoir droit à cette histoire, il faut réussir à passer l'acte 1 (équivalent à 3 épisodes). Pas que cet acte soit mauvais, loin de là, c'est bien exécuté narrativement et ça tient la route. C'est surtout que c'est très dense en informations, on peut s'y perdre un peu, et surtout c'est ultra classique comme histoire. Clairement si toute la trame narratif était celle de l'acte 1, on aurait eu une série sympathique, mais pas exceptionnelle. Heureusement, cela change totalement après l'acte 2 et cette première partie est une très longue introduction qui permet de poser le cadre et les personnages. A partir de l'acte 2, la maturité est de mise puisque la série va brasser beaucoup de thématiques avec justesse et sans binarité. Comme tout œuvre de cyberpunk, les fractures sociales sont de mises entre quartier riche et pauvre. On retrouve également les interrogations autour de la science et des limites qu'elle doit avoir. On y trouve également de la politique, la vraie, celle qui corrompt les meilleures intentions pour le profit. A des niveaux plus individuels, la série aborde également les traumatismes, leur conséquences psychologiques et les faiblesses qu'elles engendrent. Des thématiques qui sont toutes très bien abordées et bien filées dans la narration générale de la série. Arcane ne révolutionne rien, mais exécute très bien son récit. On se laisse emporter par la narration jusqu'au final sous tension. 
On peut le dire en terme de narration c'est un sans faute. 

Ecriture qualitative des personnages

Arcane est une série au casting féminin omniprésent. C'est une bonne chose. Le doute qu'il était possible d'avoir face à cela c'est que la série provienne, en partie, de l'entreprise Riot Games. Entreprise qui a quelques affaires sur le dos pour une culture d'entreprise exécrable envers les femmes et toutes minorités de manière générale. Elément qui tend à s'améliorer dernièrement au vu de certains témoignages. Dans League of Legends, les personnages féminins n'ont pas toujours été des plus respectueux, notamment en matière de skin. Cependant, Arcane est une totale réussite au niveau de ces personnages féminins. 
Elles sont toutes très bien écrites, variées, indépendantes et mises en valeur pour leur fonction dans le récit et leur caractère et non une plastique. Les relations sont également bien gérées et leurs discussions ne tournent pas autour des hommes. Elles ont des objectifs divers et c'est de cela qu'elles parlent : politique (Mel), judiciaire (Caitlyn), personnel (Vi/Jinx). Ce qui n'exclut pas d'avoir des interactions et des romances ou du flirt avec différents personnages. Mention notamment à la scène de sexe qui ne joue absolument pas sur le voyeurisme et le vulgaire. Une très bonne manière de représenter l'acte. Tout comme les troubles psychologiques de Jinx sont très bien gérés et ne tombent jamais dans la facilité du cliché. De manière générale, les psychologies et les relations entre les personnages sont une réussite. Chacun et chacune aura évidemment sa préférée dans le casting, il y en a pour toutes les affinités. Certaines pourront par exemple être subjuguées par le charisme, la force et la volonté de Vi. Le parcours individuel de chacune est traitée avec justesse et une implication émotionnelle de tous les instants. 
Les antagonistes ne sont pas en reste et sont tous bien écrits. Dans le sens où les motivations sont compréhensibles, ont des objectifs sensés et argumentés et qui peuvent jouer sur l'aspect bénéfique de leur vision. Cela dépendant évidemment des accointances de chacun et chacune, par exemple je n'ai pas été sensible à la bourgeoisie de Piltower, mais en revanche Silco avait déjà beaucoup plus de sympathie. Son design très classe et charismatique joue également dans la balance. De plus, ce sont des antagonistes intelligents qui prennent des décisions logiques et efficaces. Enfin, ils sont tous humains ce qui leur donnent plus de profondeur, plus de psychologie. On arrive à être triste à leur disparition. 
Enfin, les personnages secondaires ne sont pas en reste. Ils sont tous intéressants et utile au déroulement du scénario. Ils vont tous avoir leur moment de mise en avant et ils progressent, au même titre qu'un personnage principal, ils progressent, agissent et influencent la trame générale. Ils ne sont pas juste là pour remplir le fond et être des running gags par exemple. 

Direction artistique foudroyante

Le style graphique de l'animation du studio français Fortiche est d'une beauté époustouflante. On tient là une véritable prouesse technique et artistique. On sent vraiment qu'il y a des années de réflexion derrière et quand on voit les premières ébauches sur la série, le travail titanesque saute aux yeux. Le dernier projet d'animation qui m'avait mis une claque de la sorte c'était Spider-Man : Into the Spiderverse, là avec Arcane on est au même niveau de claque. La technique de la série est irréprochable. Le détail sur les visages des personnages est époustouflant de réalisme, on a l'impression de voir des acteurs sur lesquels on a mis un filtre de peinture. Les animations sont d'une fluidité et d'une souplesse incroyable. Quand vous ajoutez cette patte graphique à des chorégraphies de combat bien pensées et impressionnante : vous avez une recette foudroyante. Le combat sur le pont est une scène à la scénographie incroyable. En réalité cela dure trois minutes tout au plus, mais tout y est parfait. Les combats mettant en scène Vi retranscrivent parfaitement l'impact et la férocité des coups. Tout cela sans verser dans le fan-service à outrance dans lequel il aurait été facile de tomber en multipliant les effets de magie dans tous les sens. Le seul moment qui s'en approche un peu est le marteau de Jayce. Je crois savoir que c'est l'arme du personnage dans le jeu, mais pour le coup à part dire que c'est un forgeron et que du coup il sait manier un marteau, ça sort un peu de nul part à ce moment là. En vrai, c'est un détail, ce n'est pas très grave et ne concerne qu'une séquence. 
Musicalement, on est également sur du très bon. Evidemment, il y a le générique avec la chanson Enemy d'Imagine Dragons et JID qui est exceptionnelle d'efficacité. Cependant l'original score n'est pas en reste et propose de très bonnes compositions dans des genres diverses et variées. Par exemple pour poser l'ambiance de Piltower, on a des musiques se rapprochant du classique tandis qu'à Zaun (le quartier pauvre) on a des sonorités plus électroniques et hip-hop. Les musiques de tensions sont excellentes utilisant souvent des cordes frottées. Classique, mais ça fonctionne très bien. Vous avez 4 albums disponibles sur Spotify, un par acte et un regroupant les musiques préexistantes et utilisées pour la série, qui vous garantissent plusieurs heures d'immersion dans l'univers d'Arcane. 
Enfin terminons sur la direction artistique en évoquant les comédiens et comédiennes de doublage. Ils sont tous au niveau, aucun ne dénote tout au long de la série. Les relations se retranscrivent à travers les échanges entre eux. Hailee Steinfeld (Spider-Man : Into the Spider-Verse ; Hawkeye) et Ella Purnell (Miss Peregrine ; Army of Dead) nous font vivre une scène chargée d'émotions lors des retrouvailles entre Vi et Jinx. De même l'alchimie fonctionne parfaitement entre Vi, Hailee Steinfeld, et Caitlyn, Katie Leung (Saga Harry Potter ; The Foreigner). Enfin, Jason Spisak réalise un excellent travail sur la voix de Silco lui donnant un ton toujours très posé, mais envouteur. Sa voix respire l'intelligence du personnage. 

Bande-annonce Arcane !

En conclusion, Arcane est une réussite à tous les niveaux. La série présente une histoire palpitante aux thématiques nombreuses et abordées avec maturité. Les personnages sont tous très bien écrits et en particulier les personnages féminins. Les antagonistes sont intéressants. Enfin, la direction artistique est de toute beauté avec des chorégraphies de combat très maîtrisées et esthétique à souhait. La musique est riche et variée. Enfin, tous les comédiens et comédiennes de doublage sont tous excellent et cela tout au long de la saison. Au final que demander de plus ? Rien, si ce n'est une deuxième saison du même acabit. 

Ma note : Excellent !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux