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Un traître…
Un dragon…
Une nouvelle épopée…
En Alagaësia, des mois se sont écoulés depuis la chute du tyran Galbatorix. Murtagh le Dragonnier et son dragon Thorn sont toujours considérés comme des traîtres et des meurtriers, car le royaume ignore l’aide qu’ils ont apportée à Eragon et Nasuada. Ils vivent en parias, à l’abri des regards. Mais la rumeur d’étranges évènements, aux confins de l’Alagaësia, ravivent de douloureux souvenirs pour Murtagh et Thorn. Et nul ne peut se soustraire à son destin. Commence alors pour nos héros un voyage épique à travers des terres à la fois familières et inexplorées. Confrontés à des ennemis aussi terrifiants qu’imprévisibles, ils auront besoin de courage et d’espérance. Car une mystérieuse puissance œuvre dans l’ombre…
Date de sortie : 2023
Genre : Fantasy
Nombre de pages : 732
Traductrice et traducteur : Marie-Hélène Delval et Eric Moreau
Nationalité : Etats-Unis
En guise d'introduction quelques précisions par rapport à la communication de l'éditeur qui est assez curieuse. Murtagh est présenté comme un ouvrage spin-off que cela soit avec la quadrilogie ou même comme un potentiel départ de nouveau cycle. Alors qu'il n'en est rien et si vous n'avez pas lu la quadrilogie vous risquez d'être perdu et il y a très peu de chances que vous accrochez au roman. L'auteur ne s'embête pas à réexpliquer les concepts de son univers et prends pour acquis que vous avez connaissance des événements des quatre tomes précédents. De la même manière, il me paraît improbable que si un nouveau tome se déroulant dans cet univers paraît que Murtagh soit dispensable tant il apparaît comme une (très) longue introduction à une nouvelle menace. Je suppose que la technique avait pour but de ramener de nouveaux lecteurs dans l'univers, mais je pense qu'elle tape à côté parce que commencer sa découverte de l'univers par ce roman risque plus de décevoir qu'autre chose.
Une nouvelle menace intéressante
L'un des intérêts principaux de ce nouveau roman de Christopher Paolini est de présenter une nouvelle menace qui pèse sur l'Alagaësia. A ce niveau, Murtagh remplit parfaitement sa tâche en mettant en scène quelque chose de nouveau par rapport à Galbatorix et d'encore plus dangereux. Murtagh enquête sur des événements étranges et va petit à petit déterrer une secte bien particulière avec un grand pouvoir mystérieux. Un mal que redoute même les dragons. En soit la menace est bien présente que cela soit celle qui est en fond et qu'on devine être l'antagoniste d'un prochain cycle et celle de premier plan qui va être l'adversaire du personnage principal. Cette menace permet également d'éclairer et de lancer quelques pistes sur le passé de l'Alagaësia, de parler de demi-elfe et surtout d'avoir la capacité de bloquer le savoir quasi divin que possède notre héros avec le Mot des Mots. C'est réussi, on y croit bien et on ressent toute la difficulté pour Murtagh de s'en sortir. On sent également que tous les peuples de l'Alagaësia seront menacés par celle-ci quand elle se dévoilera pleinement au monde. Le fait d'avoir mêlé cette menace à du mysticisme et aux rêves est une bonne idée et cela donne une saveur particulière à tout ce qui est dévoilé ou teasé. Simple manipulation de l'esprit ou réelle menace apocalyptique ?
Néanmoins, il est dommage d'ajouter que cette secte et son entité malfaisante était celle qui tirait réellement les ficelles derrière Galbatorix. Cela fragilise la crédibilité de la cohérence de l'univers parce que rien dans les quatre premiers tome ne vient suggérer une telle chose. Au vu de l'ampleur de l'organisation il y aurait dû avoir des indices même très ténus, hors ce n'est absolument pas le cas. L'entité aurait très bien pu être tirer de son sommeil par la décharge de magie et d'énergie produite lors de la mort de Galbatorix.
Un duo qui fonctionne
L'autre point fort de Murtagh est la relation et le périple psychologique de Murtagh et Thorn. Si on connaît quelque peu Murtagh par le premier roman et également par la suite à travers les yeux de Nasuada lors de son emprisonnement, Thorn n'est jamais beaucoup apparu dans la première quadrilogie. Il était toujours une simple monture et un élément de destruction sur les champs de bataille où les deux personnages apparaissaient. Jamais leur lien, ni leur connexion n'avait été abordé. Cela nous permet également d'en apprendre plus sur les sévices subis lors de la guerre aux mains de Galbatorix. Cet aspect de reconstruction progressive des deux protagonistes est plutôt intéressantes, d'autant qu'elle n'est pas un long fleuve tranquille et ponctuée d'échecs, notamment pour Thorn. Les deux personnages se complètent plutôt bien dans l'ensemble et on y croit à la relation fusionnelle entre les deux.
Encore une fois une petite pierre vient gripper la machine puisque souvent Murtagh a des réflexions en mode ado sombre et torturé. On aurait imaginer que ce dernier aurait pu évoluer avec les épreuves traversées et gagner une certaine maturité suite à un an d'exil. Mais non il passe beaucoup de temps à se plaindre de l'injustice de la vie ou à diriger une colère non justifiée contre Eragon (qui n'apparaît pas dans le roman). Alors oui le personnage a un passé compliqué, mais il tombe dans un cliché de personnage torturé que je trouve très peu agréable d'autant qu'on partage une certaine part de traumas. Autre aspect de la personnalité de Murtagh un peu rebutante, mais totalement subjectif, son côté aristocrate hautain. Cela s'accorde avec son passé, il a vécu la majeure partie de sa vie à la cour et parmi la haute noblesse, mais cela ne manque pas à chaque fois de me faire tiquer.
Ecriture toujours efficace
Christopher Paolini possède une écriture assez efficace et on enchaîne les pages avec plaisir. Le récit est fluide et il arrive à toujours donner envie à lire un éternel dernier chapitre. Néanmoins, le roman souffre de longueur à plusieurs endroits : soit par des détours par des éléments annexes, soit par un étirement artificiel des événements. Un meilleur travail éditorial aurait permis d'élaguer le récit brut et impulser une meilleure rythmique au roman. Par exemple, tout le passage de l'histoire de la Fourchette (cette fois-ci raconté du point de vue de Murtagh) aurait pu être supprimé et on aurait pu récupérer le personnage en train de déjà enquêter sur la pierre noire et mentionner la péripétie à travers un dialogue ou un souvenir. Pareil pour l'arc Gil'ead qui aurait pu être raccourci de quelques étapes et ainsi de suite.
Enfin comme toujours dans l'écriture de Christopher Paolini on retrouve de grosses ficelles scénaristiques pour mettre en danger ses protagonistes ou pour les libérer. Certaines sont faciles à accepter et d'autres sont un peu maladroites, notamment sur la conclusion sur le repaire des Rêveurs.
En conclusion, Murtagh propose une aventure sympathique pour présenter la nouvelle menace qui pèse sur l'Alagaësia. Le duo Murtagh/Thorn fonctionne bien et on prend plaisir à découvrir leur relation. L'écriture de Paolini reste fluide et agréable à parcourir. Néanmoins plusieurs défauts viennent quelque peu ternir l'expérience de lecture, sans la gâcher totalement : une volonté un peu trop incohérente de raccrocher cette menace aux événements de la quadrilogie, Murtagh qui reste un ado sombre et torturé et de très nombreuses longueurs.
Ma note : Bien !