Resident Evil (série) de Andrew Dabb : Un moment douloureux de A à Z !

En 2022, vingt ans ont passé depuis la mystérieuse destruction de Raccoon City par le gouvernement américain. Sœurs jumelles de 14 ans, Billie et Jade Wesker, emménagent avec leur père Albert, à New Raccoon City, une ville créée de toutes pièces par Umbrella Corporation en Afrique du Sud. Cette multinationale, spécialisée dans la recherche pharmaceutique, est en déficit d'image, la faute à de nombreux scandales l'ayant éclaboussée durant les années précédentes. La multinationale est maintenant dirigée par Evelyn Marcus, fille de James Marcus, l'un de ses fondateurs, et qui cherche à redorer le blason de sa société. Le déménagement de la famille Wesker est dû au fait que Umbrella a proposé à Albert, ayant travaillé auparavant pour la multinationale, un poste à responsabilités afin d'apporter son aide à contrôler le virus T, une arme biologique rétrovirale. Les deux sœurs vont alors découvrir les sombres secrets de la ville et d'Umbrella.

En 2036, le virus T a ravagé le monde et réduit l'humanité à 300 millions de réfugiés, vivant dans des cités-états fortifiées. Cités entourées par six milliards de monstres ayant contracté le virus. Umbrella est la seule organisation restante sur terre et bénéficie ainsi d'un grand pouvoir d'action ainsi que d'un arsenal militaire important. Elle est à la recherche de Jade, dont l’objectif est de les détruire.

Date de diffusion : 2022
Actrices et acteurs : Ella Balinska, Tamara Smart, Adeline Rudolph, Seina Agudong, Paola Núñez, Lance Reddick
Musique : Gregory Reveret
Nombre d'épisodes : 8
Durée des épisodes : 46-63 minutes
Nationalité : Etats-Unis

De base, je ne suis jamais opposé à une adaptation qui s'éloigne de son matériel d'origine. D'autant plus dans le domaine de l'horreur où bien souvent on cherche à créer de la tension, donc un destin incertain pour ses personnages a forcément plus d'impact qu'une adaptation fidèle sans surprise. Il ne faut donc pas s'énerver sur l'aspect différent de la série… Attendez deux secondes, j'ai une info en direct… Le créateur de la série a déclaré qu'elle se voulait canon et était à la suite de Resident Evil Village. Oubliez ce que j'essayais de dire au début, ce projet c'est de la merde. La définition même de se tirer une balle dans le pied, toute la série devient incohérente puisqu'elle ne respecte plus les jeux que cela soit dans ses personnages ou son scénario. Evidemment qu'en déclarant cela, les joueurs et joueuses vont tirer à vue sur le moindre détail et te descendre en flèche. D'autant plus que la série est ratée sur toute la ligne. 

Une double histoire pour une double dose d'ennui

L'histoire de la série Resident Evil est divisée en deux temporalités : une en 2022 avant que le monde bascule dans le chaos et 2036 en plein dans l'apocalypse. L'objectif est clair : tenter de créer une attente sur le fait de comprendre comment tout a basculé. En tout cas pour l'arc 2022 et pourquoi pas sur le papier, en revanche pour ce qui est de 2036 c'est plutôt la quête pas crédible de trouver un remède au virus T. 
Procédé fonctionnel sur le papier, mais dans le concret le mystère n'existe jamais réellement puisqu'on est dans Resident Evil est que la raison est toujours la même : Umbrella fait n'importe quoi. Soit l'entreprise essaye de réellement créer des zombies pour être une arme biologique, soit une de ses inventions a des effets secondaires dévastateurs et au lieu d'être des capitalistes avec un minimum de jugeote et de tout arrêter, ils continuent, perdent le contrôle et c'est l'apocalypse. Ici c'est la deuxième solution qui est de mise et visible dès le début de la série. Donc à ce niveau, le suspens est inexistant. Alors il pourrait tout de même exister sur la survie ou non des personnages vu que certains n'apparaissent pas dans les passages en 2036. Mais malheureusement pour la plupart d'entre eux ils sont assez détestables donc on se contrefout de leur histoire et pour les deux seuls réellement appréciables, Wesker et Billie, la finalité de l'un est connu rapidement et pour l'autre il y a un twist, mais vraiment il fallait pas si c'était pour proposer cette "surprise" scénaristique. La timeline apocalypse est quant à elle particulièrement ennuyante avec une thérapie familiale dont on se fiche puisqu'elle tourne autour du personnage de Jade et qu'elle est juste horrible avec tout le monde et idiote au possible donc on veut juste qu'elle perde tout. Et alors les antagonistes c'est quelque chose, pas que la partie 2022 nous gratine de méchants intéressants, mais au moins ils ont la décence de n'être que des clichés grossièrement écrits et non pas d'être énervant comme ceux de 2032. Le sbire d'Umbrella, Baxter interprété par Turlough Convery, est insupportable et donne des envies de meurtre. Déjà pas crédible en tant qu'antagoniste par son côté maladroit, il est clownesque dans le mauvais sens du terme. La série essaye de le tourner au ridicule, déjà pourquoi faire ça à ton antagoniste de cette période, et ce n'est jamais dosé subtilement, ni drôle. Le personnage n'avait déjà aucune prestance, ou même aspect inquiétant, alors là on est plus bas que tout. Ne parlons même pas de la révélation de la tête pensante d'Umbrella qui n'a aucun sens et dont le personnage a laissé son cerveau en 2022 tellement il est cliché et bête comme par exemple le fait d'attendre que les zombies aient bien ravagé son camp pour sortir des drones qui les éliminent tous dans une scène à l'action ridicule.
Globalement, au-delà de faire une série avec des zombies, la série n'a rien à raconter d'autre. L'aspect familial est bien trop superficiel pour avoir un propos. On a même pas le droit à un discours basique sur le danger des entreprises toutes puissantes et le capitalisme. La série est vide de tout propos et intérêt. Néanmoins, il ne faut pas oublier un des principaux problème de la série : son personnage principal.

Jade, l'un des pires personnages principaux de la licence et d'une série

Je tiens à préciser immédiatement que cela n'a rien à voir avec son actrice Ella Balinska qui fait ce qu'elle peut avec le matériel qu'on lui donne et preuve que l'actrice a du talent, elle s'en sort très bien dans Charlie's Angels. Malheureusement, elle a enchaîné deux projets aux échecs assez retentissant avec cette série Resident Evil et le jeu Forspoken où elle interprète le rôle principal. Pas sûr qu'elle s'approche de sitôt d'un projet mêlé de près ou de loin à du jeu vidéo. Même topo pour l'actrice enfant, Tamara Smart
Comment définir Jade ? C'est une pourriture doublée d'une idiote à qui on passe et pardonne tout pour une raison inconnue. Et le pire là-dedans c'est que la série attend qu'on soit en empathie avec elle. Dès son enfance, en 2022, elle est la pire des pestes avec son père Albert Wesker pour aucune raison valable, du moins dans ce qu'elle voit, il est certes un peu absent, mais il s'occupe toujours d'elle et se soucie de leur bien être. De plus, avec sa sœur Billie, le meilleur personnage de la série, si elle la soutient au départ, elle va très vite la lâcher par jalousie et hormones. En 2036, elle a une fille et un mec, qui n'est pas le père de la gamine, avec lequel elle est juste ignoble. Il se plie en quatre pour elle, élève la petite fille avec amour et bonté, mais elle l'envoie chier à la moindre occasion, mais cet idiot la défend continuellement, même quand elle provoque la mort de son amie et collègue. Parce que oui Jade qui appartient à une communauté vivant sur un bateau s'est dit que la meilleure idée c'était de ramener un zombie vivant pour tester un produit, en le laissant bien libre de ses mouvements. Qu'est-ce qu'il pourrait bien se passer ? Oh ben oui il se libère, bouffe sa pote, et met en danger sa communauté et sa fille. La décision logique serait de la débarquer à la première occasion venue, mais non elle va avoir droit à une petite tape sur les doigts. De manière générale, là où Jade passe tout le monde meurt et par sa faute. Se remet elle en question ? Pas du tout, c'est toujours la faute des autres. Se questionne-t-elle sur son rapport avec les autres ? Ben non, elle est parfait ce sont les autres qui ne la comprenne pas. S'il y a un mauvais choix à faire, Jade le fera. S'il y a une parole blessante à dire, Jade la dira. On peut tout de même reconnaître une constante à la série, c'est que chaque épisode délivrera son lot d'événements pour détester un peu plus Jade. 

Par honnêteté, je dois relever deux personnages un peu plus appréciable que le reste du casting. En premier, Albert Wesker qui doit beaucoup au charisme et au magnétisme de Lance Reddick. Le personnage n'a aucun sens si on se situe dans la continuité des jeux comme l'affirme le créateur, que cela soit psychologiquement ou même physiquement. Néanmoins cette version aurait pu être intéressante en jouant sur la dichotomie d'un père aimant et le Albert Wesker plus classique. Par exemple la scène avec le proviseur de l'école fait plutôt mouche en présentant cet aspect plus sombre et violent du personnage alors qu'on ne l'avait vu que dans un rôle calme et posé. Le deuxième est la version enfant de Billie interprétée par Siena Agudong. Entre son prénom, son apparence physique et la présence de sa musique, le personnage est une incarnation de la musicienne Billie Eilish, à se demander s'il la voulait pas dans son rôle d'adulte. C'est un personnage qu'on a envie de défendre et de consoler. Un peu marginale, elle a des convictions, elle a un peu plus de choses à raconter et elle est globalement bienveillante. Donc un personnage auquel on s'attache. 

Technique fade pour une action mollassonne

La série n'est pas aidée par des effets spéciaux pas réellement à la hauteur avec en ligne de mire le crocodile géant du climax final. Il n'a pas été verni parce qu'il est exposé en pleine lumière dans un vaste terrain vague, ce qui lui donne forcement un aspect lisse et très terne. Mis à part le chien dans la période 2022, les créatures ne sont pas incroyables et en général la série les dissimule comme elle le peut comme les lickers qui se retrouvent cantonnés dans des tunnels sombres. Les maquillages des zombies, pourtant élément phare dans la série, sont assez quelconques et ne marquent absolument pas. Il faut bien dire que les zombies ne sont pas vraiment à l'honneur dans cette série, un comble quand on s'appelle Resident Evil, et servent plus de décor ou chair à canon que véritable danger ou antagoniste. La série n'offre même pas un petit défouloir sanguinolant, elle est bien trop sage dans son côté apocalypse et aucune mort ou décor horrifique vient ponctuer les épisodes. 
La réalisation est également fade au possible, ne possédant aucune idée un peu originale ou plan marquant. Et que dire des scènes d'actions, autre brin d'ADN de la licence, qui sont d'une mollesse abyssale. Quand elles ne sont tout simplement pas ridicules comme ce personnage avec ses drones dans un montage absurde digne d'un film direct to DVD à bas budget ou une production Asylum. 

Et le pire dans tout cela, c'est qu'ils avaient encore de la ressource pour pourrir la licence puisque le dernier épisode se conclut avec un teasing en 2022 et la promesse de l'apparition d'Ada Wong. Heureusement on échappera à ce carnage puisque la série a été annulé. 

En conclusion, Resident Evil (série) est décevante sur tous les points. Le scénario ne raconte rien, est très prévisible et dans l'incohérence la plus totale par rapport aux jeux dont il se définit comme dans le même univers. Les personnages au cœur de l'intrigue sont globalement tous détestables, avec une palme d'or pour celui de Jade, la protagoniste principale. Tout les aspects relèvent du cliché ridicule. Les effets spéciaux sont au mieux correct quand ils ne sont pas loupés. L'action est quant à elle mollassonne. Enfin, la violence et l'horreur sont aux abonnés absents. Clairement une production au même niveau qu'un Resident Evil 5 ou Chapitre Final : tout simplement honteux. 

Ma note : Honteux !