Les Enquêtes du Département V : Dossier 64 de Christoffer Boe : La meilleure enquête de la saga ?

Alors que le Département V est sous tension avant le départ annoncé d'Assad, partenaire de l'inspecteur Carl Mørck, ces derniers se lancent dans une nouvelle enquête qui pourrait bien être leur dernière. 
Suite à la découverte de trois squelettes cachés derrière la tapisserie d'un vieil appartement, les deux enquêteurs et leur assistante Rose doivent exhumer une macabre affaire datant des années 1950 : sur la petite île de Sprogø, des femmes étaient internées et stérilisées de force.

Affiche des Enquêtes du Département V : Dossier 64 !

Wild Side m'a très généreusement permis de voir le film en avant première, sa sortie en e-cinéma étant programmée au 7 mars, et je les en remercie pour cela. Je précise aussi que j'étais entièrement libre dans la rédaction de ma critique, c'est donc un avis entièrement libre que je vous livre.

Les petits détails du contexte du visionnage du film étant abordé, passons à la critique de ce dernier,  garantie bien évidemment sans spoil. 

Dossier 64 est donc le quatrième volet de la saga du Département V - il est tout à fait possible de regarder le film sans avoir vu les trois premiers s'il n'y a seulement que l'enquête qui vous intéresse - et encore une fois la saga arrive à proposer une narration intéressante, qui se renouvelle et une enquête prenante de bout en bout. 
La principale force de l'histoire est d'avoir une thématique très contemporaine à la fois dans les thèmes et mobiles des crimes, mais aussi son approche. Ce qui balaye aisément le reproche que je faisais à Délivrance (l'enquête précédente) qui avait un thème beaucoup trop classique : celui de la religion ; ici on aborde des actes misogynes, eugénistes teintés de racisme. Un mélange d'éléments qu'on ne rencontre pas très souvent ou en tout cas tel qu'ils sont présentés dans le film. Ici point d'empathie pour les antagonistes (comme pour la première enquête), mais un côté bel et bien réaliste. C'est ce qui fait la force du film et l'élément choc de ce dernier, c'est que tout cela est tangible et tout à fait concevable de bout en bout. Un sentiment qui est parachevé par les toutes dernières minutes du film, que je vous laisse bien évidemment découvrir.
Le thème est tellement intéressant qu'il aurait mérité d'être un peu plus creusé, mais le film dure déjà 1h59 et cela aurait été bien compliqué de tout faire rentrer sans que cela soit indigeste pour le spectateur. Il faudra donc certainement se tourner vers le livre de Jussi Adler-Olsen dont le film est tiré.

Pour ce qui est du rythme du film, il a ce côté lent, que je trouve assez typique des polars nordiques, mais aucunement soporifique. Alors oui c'est assez particulier et si c'est votre premier, cela peut déstabiliser. Personnellement, je trouve ce genre de rythme entraînant et hypnotique, cela immerge complètement le spectateur dans le récit. Dossier 64 maîtrise ce sujet parfaitement. 
Ce que fait aussi très bien Dossier 64, c'est de mêler deux lignes temporelles de narration : l'une dans le temps présent et l'autre dans les années 1950. Chacun des segments se répondant habilement, jusqu'à la réunion des deux dans un discours de toute beauté.

Bande-annonce des Enquêtes du Département V : Dossier 64 ! Enfin une bande-annonce qui ne dévoile pas tout son scénario !

Pour ce qui est des personnages, on retrouve comme d'habitude le duo Carl, interprété par Nikolaj Lie Kaas (Enfant 44), et Assad, interprété par Fares Fares (Enfant 44, Westworld, Rogue One). Que dire de plus que l'alchimie entre les deux personnages/acteurs fonctionne toujours autant. Le duo paraît toujours naturel et les répliques fusent et touchent à chaque fois. Si j'aime beaucoup l'interprétation du rôle d'Assad par Fares Fares, je suis toujours autant subjugué par celle de Nikolaj Lie Kaas qui habite réellement le personnage de Carl. Cela va de sa manière de parler qui est très sec et concise, mais aussi dans la gestuelle et la manière dont il regarde tous les autres personnages. On sent bien que l'acteur a vraiment tout compris au personnage et à son rôle. 
Il est aussi à noter que le film permet, enfin, à Rose, interprétée par Johanne Louise Schmidt, de briller à l'écran puisqu'elle acquiert une plus grande importance dans le scénario. Alors elle n'est pas encore à égalité avec ses deux collègues, mais cela fait vraiment plaisir de la voir et cela modifie l'alchimie entre les personnages en l'incorporant dans les rapports puisqu'elle se situe à mi-chemin entre Carl et Assad. 
Mention spéciale aussi à l'interprète de Nete, Fanny Bornedal, qui est vraiment très bonne dans son rôle de jeune ingénue.

Enfin en terme de réalisation, le nouveau réalisateur se permet quelques plans purement esthétiques et qui sont vraiment très beaux. Christoffer Boe offre aussi une caméra plus virevoltante que sur les trois premiers films et les transitions sont toujours bien amenées, notamment l'apparition du titre. L'image est elle aussi esthétisée avec de très bons jeux de lumières sur certaines scènes, notamment lors de la découverte des cadavres. En plus de proposer une bonne histoire, le film fait plaisir à l'œil du spectateur.

Le duo Assad (Fares Fares) et Carl (Nikolaj Lie Kaas) fonctionne toujours en merveille !

En conclusion, les Enquêtes du Département V : Dossier 64 signe une très belle prestation en offrant la meilleure enquête de la saga. Avec ses thèmes terriblement actuels et son intrigue prenante à souhait, le film nous entraîne dans cette formidable enquête. Le duo Assad/Carl fonctionne toujours à la perfection et l'interprétation de Nikolaj Lie Kaas est tout simplement parfaite. Petit bonus avec Rose qui gagne enfin en ampleur. Pour parachever la réussite, Christoffer Boe, le réalisateur, se permet quelques plans purement esthétiques et une très bonne composition des cadres. 

Ma note : Très bien !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux

Pour rappel :

Les Enquêtes du Département V : Miséricorde : Très bien !

Les Enquêtes du Département V : Profanation : Très bien !

Les Enquêtes du Département V : Déliverance : Bien !