Les Cités des Anciens Tome 7 et 8 de Robin Hobb : Final sympathique, mais sans envolé !

Tome 7 : Le vol des dragons
Les dragons et leurs gardiens dévoués ont enfin trouvé la cité perdue de Kelsingra. Les créatures magiques ont appris à utiliser leurs ailes, tandis que Thymara, Tatou, Kanaï et même Sédric, le plus improbable des gardiens, commencent à se transformer en magnifiques Anciens, reflétant les dragons qu'ils servent. Mais ils n'ont pas découvert les légendaires puits d'Argent dont les dragons ont besoin. Des ennemis approchent, et les gardiens vont devoir s'immerger dans les souvenirs d'Anciens disparus, au risque d'en devenir dépendants, pour y puiser les indices nécessaires à leur survie.

Tome 8 : Le puits d'Argent
A Kelsingra, après la découverte du puits d'Argent, source de la magie des Anciens, le capitaine Leftrin et ses compagnons s'efforcent d'évacuer les débris qui bouchent le conduit pour accéder à la précieuse substance ; ils espèrent ainsi permettre aux dragons et aux Anciens de retrouver leur magie, et surtout de sauver le petit Phron, l'enfant de Malta et Reyn, héritier des changements que ses parents ont subis auprès de Tintaglia mais qui sont en train de le tuer à petit feu ...
Avec ce volume se clôt la magistrale saga des Cités des Anciens.

Une conclusion à la hauteur pour les Cités des Anciens ?

Après un départ canon et emballant, les tomes 5 et 6 ont quelque peu refroidi mon enthousiasme : la faute à un rythme léthargique et une Thymara fortement en retrait de l'histoire principale. Autant dire que ces deux derniers tomes avaient fort à faire pour redresser la barre. Malheureusement ce ne fut pas le cas et ces deux tomes sont dans la lignées des précédents. 

Quelques réponses mais pas entièrement satisfaisantes

En terme de réponse les romans répondent présents aux questions les plus importantes à savoir : est-ce que les puits d'Argent existent toujours ? Est-ce que les dragons vont pourvoir voler et s'installer à Kelsingra ? Qu'arrive-t-il à Tintaglia et Glasfeu ? Si les réponses sont intéressantes et bien amenées, elles ne sont pas pour autant incroyable et rien de véritablement mémorable ne s'y déroule. Malheureusement, les aspects les plus intéressants à développer sont survolés et ne trouvent pas réellement de réponses. Ce qui tenait en haleine au début de cette aventure c'était de voir la communauté de ces exclus de différentes sociétés s'en construire une nouvelle, se structurer et établir de nouveaux rapports de forces. Le fait que le récit est très resserrée en terme de temporalité ne permet pas de développer ces aspects. Ils restent inachevés à la fin du tome 8, alors qu'une ellipse d'un ou deux ans aurait permis de développer un peu plus cet aspect prometteur de ce cycle. 
De la même manière la trajectoire de Thymara apporte des réponses aux dernières questions en suspens sans apporter une totale satisfaction. Elle finit effectivement par faire un choix entre Tatou et Kanai, mais ça sera la seule évolution du personnage. Thymara n'arrive jamais à atteindre son plein potentiel, sans être la leadeuse de la troupe elle aurait pu gagner en importance pour justement venir en complément de l'aspect politique et sociétale du cycle. Elle n'est pas inactive dans le récit, elle aide à la résolution de problèmes. Par exemple, c'est elle qui trouve le moyen de rétablir le puit d'Argent, mais au-delà de résoudre un problème scénaristique elle ne développe pas de propos autres. 
Enfin, le troisième arc narratif concernant Chalcède et Trehaug est de la même manière assez expédié. Si Chalcède nous permet d'avoir un moment très sympathique, son avenir politique se retrouve expédié en deux ou trois paragraphes dans l'épilogue. Tandis que la question de Trehaug ne semble pas vraiment résolu et pareillement se retrouve résumée en quelques lignes. 

Narrativement rien n'est mauvais et tout se tient bien, mais tout cela manque de grandiose et d'envolée épique ou de portée sociale telle qu'on avait été habitué dans les Aventuriers de la Mer et que le début de cycle promettait.

Quelques éclats

Cependant par moment cette fin de cycle apporte de très bons moments qui survolent le reste de l'histoire. 
Le premier d'entre eux est tout ce qui concerne la princesse chalcédienne. Son histoire est passionnante, elle a tout pour être un excellent personnage féminin : forte, réfléchie et avec des revendications. C'est dommage qu'elle apparaît si tardivement dans le récit. 
Tant qu'on est sur Chalcède, le moment marquant de ces deux tomes est l'attaque de la cité ducale par les dragons. Une destruction minutieuse qui donne une idée de la toute puissance de ces êtres. On avait déjà eu un aperçu dans les Aventuriers de la Mer, mais c'était seulement Tintaglia en action. Là une dizaine d'entre eux provoquent des dégâts phénoménaux et on sent une redistribution de l'équilibre politique de l'univers. Ce qui est intéressant également c'est de voir l'interaction clanique de ces derniers et leur organisation. De constater que Glasfeu est par exemple considéré comme un marginal malgré sa puissance et son ancienneté. 
Enfin, l'un des moments les plus satisfaisants est la fin de Hest. Un personnage qui aura su rester détestable jusqu'à la fin et qui a eu droit à un dénouement à la hauteur de son immondice. Un moment très sympathique qui a fait beaucoup de bien.

Robin Hobb !

En conclusion, ce cycle des Cités des Anciens se termine en demi-teinte. Après une première moitié canon et très prometeusse, la seconde partie n'arrive pas à perpétuer le rythme et un intérêt grandiose. Narrativement ce n'est pas mauvais, loin de là c'est plutôt bon et agréable à lire, mais cela manque d'envolée épique et de propos à portée sociale alors qu'il y avait tellement de bonnes promesses au début du cycle. Toutes les questions importantes trouvent des réponses, bien amenées, mais qui manquent d'impact. Cela reste un bon moment de lecture mais tout de même un peu moins palpitant que les deux premiers cycles de l'Assassin Royal et celui des Aventuriers de la Mer.

Ma note : Très Bien !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux