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Blog où je vous donne mon avis sur des films, des séries, des livres et des jeux vidéo. N'hésitez pas à réagir et à partager votre opinion dans le respect de tous bien sûr.

Suzume de Makoto Shinkai : De toute beauté !

Dans une petite ville paisible de Kyushu, une jeune fille de 17 ans, Suzume, rencontre un homme qui dit voyager à la recherche d’une porte. Décidant de le suivre dans les montagnes, elle découvre une porte délabrée trônant au milieu des ruines, seul vestige ayant survécu au passage du temps. Cédant à une inexplicable impulsion, Suzume tourne la poignée, et d’autres portes s’ouvrent alors aux quatre coins du Japon, laissant passer toutes les catastrophes qu’elles renfermaient. L’homme est formel : toute porte ouverte doit être refermée. Suzume s’est égarée où se trouvent les étoiles, le crépuscule et l’aube, une voûte céleste où tous les temps se confondent. Guidée par des portes nimbées de mystère, elle entame un périple afin de toutes les refermer.

Date de sortie : 2022 (Japon) / 2023 (France)
Actrices et acteurs : Nanoka Hara et Hokuta Matsumura
Scénario : Makoto Shinkai
Musique : Rawimps, Kazuma Jinnouchi
Durée du film : 122 minutes
Budget : Inconnu
Nationalité : Japon

Affiche de Suzume !

Affiche de Suzume !

Des émotions en pagaille

Comme à son habitude Makoto Shinkai propose avec Suzume, un récit intimiste et à la composante émotionnelle forte dans une histoire fantastique aux connotations taoïstes. Tout comme avec Your Name le tout fonctionne à la perfection. Dans Suzume, on quitte la dimension amoureuse et le concept d’amour transcendantal ou d’âme sœur pour quelque chose d’un peu plus varié. L’une des grandes thématiques du long métrage est de proposer un récit sur le phénomène de mémoire collective et de parler des traumatismes japonais vis-à-vis des tremblements de terre. Deux événements parcourent ce récit : celui de Fukushima et celui de 1923 de Tokyo. Le film nous montre, à l’image de son personnage principal, comment les japonais ont été marqué par ces derniers, en ont conservé les stigmates tout en les oubliant. Ce sont ces différents lieux abandonnés qu’on visite avec Suzume, bien présent dans le paysage, mais oublié de tous. Suzume évoque également le deuil de comment l’accepter et le dépasser, la volonté de vivre grâce à certaines rencontres, l’émancipation à travers le road trip de Suzume qui se découvre un but, mais également personnellement en sortant de son cocon familial. Les personnages ont de nombreuses discussions sur tout cela et des dialogues qui tapent juste. Même quand des choses assez dures sont dites, le récit et les personnages ne balayent pas le tout en le cachant sous le tapis avec l’excuse du « je ne le pensais pas ». Ils assument ce qu’ils disent, mais en l’expliquant plus profondément et avec justesse. Un film indéniablement enrichissant pour les plus jeunes. Suzume est de manière générale très touchant et prend aux tripes le spectateur ou spectatrice.
Le récit renverse par ailleurs les codes et les schémas classique du genre. Suzume n’est pas une demoiselle en détresse, ni même un frein à l’aventure. Au contraire c’est elle qui porte toute l’histoire et c’est le protagoniste masculin qui a besoin de son aide et de son soutien de par l’incapacité physique qui le frappe. Le film est ponctué d’un humour présent tout du long. Jamais lourd, il est toujours habilement dosé et joue beaucoup sur des gags de situation.
Autre point narratif à mettre en valeur dans Suzume, c’est sa gestion de la montée narrative qui est parfaite. Le film n’a jamais de temps mort et son intensité ne fait qu’augmenter au fur et à mesure jusqu’à un climax d’une intensité maximale. Chaque moment de pause apporte son lot de développement qui va servir pour la prochaine phase un peu plus mouvementée.
Enfin, il faut l’évoquer mais si vous aimez les travaux de Yoko Taro sur la série de jeux NieR ou Drakengard, le film titillera très fortement votre sensibilité. Difficile de ne pas voir une forte inspiration de ces œuvres sur le récit de Makoto Shinkai. Déjà par les thématiques abordées, mais également dans certains designs : la porte au milieu de ruines, le ver géant ou cette scène au-dessus de Tokyo avec une forme gigantesque qui fait penser très fortement à un boss de Drakengard. La musique n’est pas en reste parce qu’à plusieurs moments les sonorités évoquent très fortement les œuvres du comparse de Yoko Taro, Keiichi Okabe.

Personnages féminins réussis

Le récit de Suzume est très féminin et accorde une place très importante aux interactions entre les femmes. Il est à noter par exemple que lorsqu’elle réalise tout son parcours jusqu’à Tokyo, ce ne sont que des femmes qui lui viennent en aide. Une sororité s’exprime, elles se comprennent et se soutiennent sans forcément à devoir expliquer dans le détail ce qui se passe. Ce sont des portraits divers et variés de femmes que le film présente, toujours avec beaucoup de respect et d’empathie. Suzume est la jeune femme qui entame sa transition entre adolescente et jeune adulte, elle rencontre une autre jeune femme de son âge pleine d’entrain et de vie, une mère célibataire qui tient un cabaret et bien évidemment sa tante qui a dû recueillir Suzume à la disparition de sa mère. Toutes ses figures féminines ont pour particularité d’être seule et de vivre en indépendance. Même la mère de Suzume est la seule figure parentale évoquée, point de mention de son père. L’indépendance féminine est très fortement mise en avant et glorifiée par le film.
De la même manière au niveau de la tante de Suzume, le film se joue du trope classique du gars qui veut l’aider à retrouver sa nièce. Dans beaucoup d’autres films, ils seraient partis ensemble et on aurait eu droit à la romance habituelle. Là le personnage masculin est laissé à quai et la tante part seule, non sans l’avoir renvoyé gentiment dans les cordes.


De toute beauté

Enfin du côté de la patte artistique, c’est également excellent sur tous les points. Nombre de paysages et de décors sont sublimes. Une véritable esthétique se dégage tout au long du film. Certains plans sont particulièrement forts et restent des jours entiers dans l’esprit du spectateur ou de la spectatrice.
Les doublages japonais sont très convaincants et véhiculent à merveille les émotions tout en donnant une vie certaine aux personnages. On y retrouve notamment Nanoka Hara pour Suzume et Hokuto Matsumura pour Sota qui réalisent une très grande performance.
Enfin à la musique, on retrouve tout comme pour Your Name à la baguette le groupe Radwimps et la bande-originale est tout autant d’une qualité folle. Avec une base encore plus variée puisque si on retrouve les classiques musiques d’ambiance, on a aussi droit à des sonorités épiques ou même encore à un jazz endiablé. Evidemment, on retrouve également des chansons avec des chants et tout comme dans Your Name les musiques marquent et sont d’une très grande qualité.

Une bande-annonce avec une des excellentes chansons de Rawimps !

En conclusion, Suzume est un film plein de richesses que cela soit sur ses thématiques, son esthétique, sa musique ou même ses personnages. Le film offre beaucoup d’émotions en évoquant de nombreuses thématiques avec toujours une très grande justesse. Le film manie très bien ses doses d’humour. La montée en intensité de la narration est parfaite. Enfin le film offre un très joli éventail de personnages féminins réussis et tisse une grande sororité et une relation entre eux d’une grande finesse.

Ma note : Excellent !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux

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