Resident Evil Chapitre Final de Paul W.S. Anderson : Horrible !

Dix ans après l'incident de Raccoon City et quelques jours après qu'Alice ait atterri à la Maison-Blanche, les dernières personnes ayant une chance de sauver ce qui reste de l'Humanité ont été trahies par Albert Wesker. En tant que dernière survivante du piège tendu par Wesker, Alice doit retourner dans le Hive, là où le cauchemar a commencé. Umbrella Corporation y rassemble ses forces pour un dernier assaut sur les derniers survivants de l'Apocalypse.

Dans une course contre la montre, Alice joint ses forces à d'anciens amis et à un allié inattendu pour une bataille contre les zombies et les monstres. Entre la perte de ses pouvoirs et les attaques d'Umbrella, ce sera l'aventure la plus difficile d'Alice tandis qu'elle se bat pour sauver l'Humanité, à un souffle de l'oubli.

Date de sortie : 2016
Actrices et acteurs : Milla Jovovich, Ali Larter, Shawn Roberts, Ruby Rose, Eoin Macken
Scénario : Paul W.S. Anderson
Musique : Paul Haslinger
Durée du film :  106 minutes
Budget : 40 millions de dollars
Nationalité : Etats-Unis, Allemagne, France, Canada, Australie, Royaume-Uni

Affiche du dernier opus d'une saga qui s'est totalement effondrée au cours des épisodes

J'ai une relation un peu particulière avec la franchise Resident Evil au cinéma. J'aime beaucoup les jeux et également certain des films dans le sens où au début ils reprennent totalement l'aspect grosse série B assumé et proposent sa propre histoire pour réussir à créer des enjeux là où une adaptation trop fidèle rendrait le tout plat et sans aucune tension. J'apprécie toujours de regarder le premier et le deuxième opus. Le quatrième est sympathique même si un peu longuet, à l'image de sa séquence d'introduction. Le troisième est un plaisir total. Je hais le cinquième qui bascule dans le grand n'importe quoi à renforts de personnages des jeux qui apparaissent d'un coup sans logique (Ada et Léon sont horribles) et de sa structure en niveaux de jeux vidéo pour au final absolument rien raconter. C'est donc avec un sentiment partagé que je me suis lancé dans le visionnage de ce sixième et dernier opus. Aurais je droit à un sursaut de qualité ou une continuité de la purge du cinquième épisode ? La bonne réponse est la deuxième solution, Resident Evil Chapitre Final est un film horrible sur tous les points possibles et imaginables. 

Je n'attends jamais d'une production estampillée Resident Evil, jeu ou film, d'avoir un scénario profond et aux nombreuses thématiques. Néanmoins, il faut tout de même un minimum de cohérence. Ce que fait la plupart des productions, mais pas ce film. Cela serait trop long de tout citer, mais je vais tout de même évoquer certains aspects. 
Ce qui est formidable avec ce film c'est que dès le début il vous crache à la figure qu'il sera horriblement mauvais. Le cinquième opus se terminait par l'arrivée d'Alice et de quelques survivants à la Maison Blanche où ils retrouvaient Wesker qui redonnait ses pouvoirs à Alice et expliquait que c'était le dernier bastion de l'humanité. Pourquoi pas ? Ce qu'on attend donc dans la suite c'est de commencer à ce moment là. Mais pas dans Resident Evil : Chapitre Final puisqu'on débute dans des ruines des alentours de la Maison Blanche. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'en ellipse il s'est passé ceci : Wesker les a trahi à nouveau (oh surprise), a repris les pouvoirs d'Alice (pourquoi lui avoir redonné alors ?), fait tout sauter et tuer presque tout le monde (sauf la personne la plus importante) et qu'aussi ce n'est absolument pas le dernier bastion de l'humanité puisqu'il reste quelques milliers d'humains sur Terre. Tous ces éléments qui auraient pu constituer le premier acte du film est évoqué en deux lignes de dialogue au milieu de celui-ci. 
Tout cela pour proposer quelque chose d'encore moins intéressant avec une première partie qui est une sorte de très mauvais ersatz de Mad Max qui fait revenir l'antagoniste du quatrième film. Ce n'est pas le même personnage, puisque c'est un clone. Il y a énormément de clones dans ce film, et même des clones de clones, mais au moins par rapport à Jurassic World les personnages en parle. Et puis ce clone de méchant, il a viré en obsédé de la religion catholique, mais peut-être bien la pire écriture de méchant religieux que j'ai pu voir et dieu sait combien c'est un cliché récurrent des très mauvaises œuvres. Tout cela dans le but de revenir à Raccoon City, ce qui est une écriture assez fainéante et facile. Au passage, on retrouve comme par hasard Claire qui a totalement perdu son côté badass du troisième opus. Avec enfin un final dans une autre base souterraine d'Umbrella pour se retrouver dans un face à face entre trois clones d'Alice à un âge différent et créant des incohérences par dizaine dans un scénario de base très simple. L'écriture est tout simplement catastrophique à un tel point qu'un scénario de film centré purement sur l'action se retrouve à n'avoir aucun sens. 

Une écriture qui n'aide pas forcément les actrices et acteurs à s'en sortir et à proposer quelque chose de correct. Tous les personnages secondaires ne servent strictement à rien et font de la figuration soit pour rappeler qu'on est dans le sixième film d'une saga comme Wesker ou Claire et les nouveaux n'ont aucun développement. Les deux principaux que sont Alice et Dr Isaacs sont mauvais au possible. Je ne sais pas si Milla Jovovich (Zoolander ; Hellboy) en avait marre de ce rôle, et cela serait compréhensible, mais elle n'est clairement pas investie dans cet opus. Ce n'est pas une actrice fondamentalement mauvaise et elle est plutôt efficace dans des rôles d'action, mais là couplé à un manque d'envie flagrant et à l'iconisation perpétuelle cherché par Paul W.S. Anderson (et cela dans chacun de ses films où elle joue) donne un résultat vraiment pas terrible. Disons que cette erreur de parcours n'est pas aussi flagrante que celle de Iain Glen (Game of Thrones ; Kingdom to Heaven) qui offre un surjeu de tous les instants. Honnêtement je ne sais pas s'il était obligé de revenir à cause d'un contrat ou d'un besoin d'argent, mais un tel sabordage ne peut être que volontaire. C'est un bon acteur, mais alors dans ce Resident Evil le résultat est juste terriblement mauvais. 

Rien ne sera épargné aux spectateurs·trices du film puisque même la forme est une catastrophe monumentale. Les effets spéciaux sont un peu moins bons que dans les opus précédents, la coupe budgétaire se ressent. Les scènes d'actions sont incompréhensibles, tout est surcuté enchaînant un nombre de plans impressionnant à la seconde. Le montage est totalement épileptique et attention aux maux de têtes à la fin du film. Et lorsque le réalisateur se rend compte que c'est totalement incompréhensible à cause du rythme effréné, il imite Zack Snyder, sans le talent, en ajoutant des zooms au cœur de l'action. Quand c'est bien fait, cela donne une impression de puissance et esthétise l'action. Dans Resident Evil Chapitre Final cela fait juste cheap. Dommage également que toute la seconde partie se déroule dans une ambiance nocturne assez moche gâchant certains décors utilisés pour le tournage qui auraient pu avoir du style comme cette grande tour où on retrouve quelques survivants humains.
Finalement seule la musique reste à un niveau correct, seulement un peu moins marquante que celle de Tomandandy ou des premiers opus. 

Bande-annonce du désastre

En conclusion, la saga Resident Evil de Paul W.S. Anderson s'achève dans la souffrance avec un horrible film qui fait la part belle aux incohérences, à un montage atroce et un jeu d'acteur aux fraises. Dommage qu'une saga qui débutait correctement et aurait pu proposer une réinterprétation originale de la licence vidéoludique se vautre totalement dans ses deux dernières productions. Resident Evil Chapitre Final est un film à fuir à tout prix. 

Ma note : Mauvais !

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux