Brimstone de Martin Koolhoven : Magistral !

Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. 
Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille. Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…

Une affiche sublime pour Brimstone !

Je dois bien confesser qu'en lançant Brimstone, je pensais regarder un western un peu classique, mais qui méritait le coup d'oeil parce qu'il avait l'air de mettre en avant un personnage féminin dans un genre très masculin. Je ne m'étais pas plus renseigné que cela, et mis à part l'affiche, sublime par ailleurs, et une courte bande-annonce, je n'en connaissais pas grand chose. Comme vous l'avez deviné avec le titre de cet avis, le film m'a cloué sur mon canapé et a directement fait un bon parmi mes films du cœur. Brimstone c'est un conte sur la noirceur humaine, frôlant le surnaturel, mais aussi sur la volonté de survivre, la vie et la résilience. Autant dire qu'il a tapé juste tant ce sont des thématiques que j'apprécie explorer. 

Pour commencer à exprimer tout ce qui fait la force de ce film, mais tout en servant d'avertissement : parlons de sa violence. Brimstone est extrêmement violent. On est clairement pas face à un film américain qui va avoir tendance à cacher certaines violences, à les suggérer pour les plus audacieux, non là, le réalisateur hollandais montre tout. Ce qui fait de ce film une expérience à conseiller qu'à des publics avertis et prêt à regarder des scènes difficiles. Cependant, Brimstone est violent, mais pas voyeur. En effet, si certains ont pu reproché (à tort, à mon sens) le côté voyeur du réalisateur et qu'il aurait fallu cacher certaines scènes, je ne partage pas leur avis. Toute cette violence et débauche a un but, un sens, elle n'est pas là pour faire du sensationnel, mais pour montrer la dégradation progressive de la condition à la fois de Liz, l'héroïne du film, mais aussi de l'humanité de l'homme qui la poursuit. Chaque scène au potentiel dur est parfaitement millimétrée pour garder un ton juste et révélateur de la souffrance et de la noirceur des personnages. 

Bien évidemment le film n'est pas qu'une pellicule remplie de violence, mais c'est aussi une histoire forte et prenante d'une femme qui va chercher à fuir un monstre intraitable et inarrêtable. Remise dans l'ordre l'histoire reste somme toute assez classique, malgré quelques rebondissements par-ci, par-là assez bien venue. Cependant le film sépare habilement son récit en chapitres dans un certain désordre chronologique ce qui permet de créer un suspense et des interrogations au spectateur qui auraient été bien difficile à faire naître dans un schéma classique de narration. Récit qui vous laissera juge d'y voir un film féministe, un récit visant à apprécier un moment de bonheur entre deux souffrances de la vie, de lutter contre le mal ou bien tout cela à la fois. Le film ne se prononce jamais clairement et l'interprétation est libre, à chacun d'y piocher ce qu'il désire y voir. 

Bande-annonce de Brimstone !

Au niveau des personnages, la réussite est, elle aussi, totale : écriture et interprétation comprise. 
Alors bon le markettingaà quelque peu abusé l'importance de Kit Harrington, interprétant Samuel, et Carice Van Houten, interprétant la mère de Joanna, notamment à cause du phénomène Game of Thrones où on retrouve les deux acteurs respectivement dans le rôle de Jon Snow et Mélisandre. Effectivement, les personnages ont une certaine importance et les acteurs jouent très bien leur rôle - même si au début j'ai eu un peu de mal avec l'accent de Kit Harrington - mais restent mineur à côté du duo composé par le personnage de Liz et du révérend. 
Avant de parler de la construction des deux personnages et de leur interprétation, je tiens aussi à signaler le jeu excellent de la jeune actrice Ivy George interprétant Sam, la fille de Liz, ainsi que celui de William Houston dans le rôle d'Eli, le mari de Joanna, qui inspire un sentiment naturel de confort et de sécurité. 
Venons-en donc au duo de choc du film Liz et le révérend, interprété respectivement par Dakota Fanning (Twilight, The Runaways) et Guy Pearce (Equals, Iron Man 3, Don't Be Afraid of the Dark). Pour ce qui est du personnage de Liz, on a réellement un personnage féminin fort et une véritable survivante et une battante. C'est une figure inspirante, mais aussi avec qui se crée immédiatement une certaine empathie. L'interprétation de Dakota Fanning est terriblement juste que cela soit dans les moments durs ou plus légers. L'actrice arrive aussi à retranscrire parfaitement tout un panel d'émotions malgré le fait que son personnage soit muette (au contraire d'un Anson Mount dans Inhumans). Enfin pour ce qui est du personnage du révérend je dois bien avouer mon admiration pour la conception du personnage et l'interprétation de Guy Pearce. Le personnage est effrayant en tout point à la fois physiquement par sa force et son agilité, mais aussi, et surtout, psychologiquement. Tout au long du film le semblant d'humanité qu'il possède se craquèle pour laisser presque planer un doute de surnaturel sur lui. Il n'a pas de nom, est increvable, doué dans de nombreux domaines, animal jusqu'à imiter le loup. C'est une menace qui continue à avancer sans cesse et qu'on sait capable de surgir à tout instant, à l'instar d'un monstre de film d'horreur comme l'excellent It Follows. D'autant plus que Guy Pearce gratifie le personnage d'une interprétation impeccable en tout point. 

Pour en terminer avec Brimstone, il faut aussi signaler une grande qualité graphique avec de très belles images et mise en scène. Deux particulièrement me reste en mémoire : la scène de l'incendie de la maison avec le révérend et tout le passage dans la neige avec la calèche. Que cela soit la composition du cadre ou la lumière : tout est beau dans ses plans. 
La musique est-elle aussi en accord avec la pellicule et notamment le thème principal du film (je crois) qui avec ses sons graves retranscrit toute cette impression d'une menace pesante et constante sur les épaules de ses personnages.

Dakota Fanning est parfaite dans le rôle de Liz et dans la maîtrise de son handicap !

En conclusion, Brimstone c'est le genre de film qui ne laisse personne indifférent. Pour ma part, cela a été une véritable claque et un enchantement à découvrir. Ce conte narre parfaitement toute la noirceur de l'humanité, mais vante aussi la qualité de survie, de battante et de résilience d'une femme interprétée avec brio par Dakota Fanning. Avec son histoire décousue invitant à l'interrogation et son antagoniste au charisme certain et à la nature impénétrable, le film tient tous les ingrédients qui font une bonne histoire. Ne vous laissez pas abuser par la grande violence de Brimstone, qui est toujours justifiée et sert à appuyer efficacement son propos. Le tout est habillé avec élégance et de très beaux plans et une musique très juste. 

Ma note : Excellent ! (véritable coup de coeur) 

Barème de notation : Excellent - Très Bien - Bien - Moyen - Mauvais - Honteux